Après un hiver de froid et de givre, les grands vents de l’hiver sont revenus, ils sont revenus en force, redoublant de puissance. Des ululements et des feulements surgissent de toutes parts, ils soulèvent et courbent les arbres, malmènent les oiseaux. Secouée de bourrasques l’île se blottit derrière les pierres les plus ancrées dans la terre.
« Le vent soufflait avec une incroyable force. Dans ce pays du bout du monde les grands vents de l’océan étaient craints. Ils portaient avec une puissance accrue la grande voix de la mer. Et quand, dans les sombres nuits des hautes falaises les vents se levaient et libéraient leur insolente fougue, les âmes du pays d’Arkhaï se cachaient. »
À travers cette galerie d’images je vous présente les sources d’inspiration concernant ma première nouvelle illustrée : La lumière égarée – très mystérieux l’inspiration…
Elle a toujours les yeux ouverts et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en pleine lumière font s’évaporer les soleils.
Paul Éluard
Sources d’Inspiration (avant et pendant l’écriture) – Et cette question, qui inspire l’autre ? Ces images m’ont-elles influencée ou les ai-je choisies parce que l’histoire était déjà présente dans ma tête ? Pas de réponse… Ou les deux à la fois…
Quelques travaux photographiques durant l’élaboration de la nouvelle – certaines photos ou photomontages illustrent le livre – Qui m’a guidé ? Ai-je été guidé ?
Je peux tenter de repérer des procédés littéraires connus et souvent argumentés, mais quelque chose m’échappe quand même… Et c’est certainement la raison pour laquelle l’écriture m’attire tant, elle reste mystérieuse, elle reste sauvage et indomptable, on l’aperçoit parfois au coin d’une phrase que l’on vient d’écrire et qui cependant nous intrigue. Pourquoi ai-je écrit cela ? J’ai toujours pensé qu’un ballet d’âmes nous rendait régulièrement visite. Sommes-nous seuls devant la page blanche ? Pas vraiment… Je crois même que c’est le moment où nous sommes le plus en communion avec le mystère de la vie, du monde.
[…] Mais il importe que je m’y mêle le moins possible, que je somnole à demi. La moindre conscience de ce mécanisme l’interrompt. Et si je veux le remettre en marche, il me faut attendre qu’il s’y décide, sans essayer de la convaincre par quelque piège. C’est pourquoi je n’use pas de tables qui m’intimident et ont un air d’invite. J’écris à n’importe quelle heure, sur mes genoux.
On ne force pas une curiosité, on l’éveille. — Daniel Pennac
L’univers du livre :
Mathurin et les Sentinelles du temps
Il n’est pas aisé ni très intéressant de parler de soi, encore moins de parler des livres que l’on a écrits. Pourtant, si l’on veut être lu… Dans cet article j’ai eu envie de vous raconter le cheminement de cette fiction, de vous parler des influences qui ont contribué à créer l’histoire — œuvres picturales, photographiques, objets divers, anecdotes, livres, rencontres, etc. — Sans elles il n’y aurait pas eu « Mathurin et Suzon » tels qu’ils existent aujourd’hui dans le livre. Ce sont ces cailloux, ces petites miettes semées par d’illustres artistes ou des inconnus inspirés qui m’ont guidée dans la narration, au fil du temps, au fil des mois, c’est un peu grâce à eux que j’ai pu écrire passionnément jusqu’au point final.
Tout a commencé par un objet qui s’est précisé au fil des jours :
Ah, les bobines de fil, chacune d’elle contient un trésor. Le tricotin, le sucre filé… Tricoti, tricota, tricotin… Suivez le fil doré, le fil d’or, je ne vous donne que des indices… Pour comprendre l’histoire, il suffit de suivre le fil…
Il y a les filles de la Destinée : les Nornes, les Parques, les Tria fata – selon les pays et les traditions – les fées du destin, les fileuses, les filandières… Les illustrations, les peintures, les photographies sont des inspiratrices qui m’ont permis d’entrevoir le cours du destin de mes protagonistes. Dans l’histoire, celles qui filent, celles qui quenouillent et coupent ont un rôle important.
Pour le décor, j’ai choisi la Bretagne, ou plutôt, elle m’a choisie, elle m’inspire. Le littoral, l’île où je vis, ses forêts, ses sentiers côtiers et ses maisons de pêcheurs, mais également ses vieux métiers – pour l’histoire certains d’entre eux ont été de parfaits alliés – les brûleuses de goémon, les brodeuses, les porteuses de pain, le faucheur de trèfle, la paludière…
Les intrépides îliennes dont les hommes sont en mer, ces porteuses de pain illustrent le poids d’éternité qu’ont les gestes du quotidien.
Il y a bien sûr les personnages principaux et leurs rêves. Le farfadet du bois de pins, Mathurin qui rêve de construire des navires, l’instituteur, les autres familles et leurs histoires, Suzon et ses sabots de vent, le vieux Paol qui ne parle que de mer, le bourg et ses traditions, le miaulement du chat en ribouldingue. Mais, silence !
LA MER au loin, la mer et ses crépuscules, la mer et ses naufrages, les hommes et leur passé, l’envie de faire de la haute voltige sur les mâts des goélettes, comme les gabiers… Chut !
SUR LES HOULES DU TEMPS
Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil riant, clair et beau.
— Charles d’Orléans, Rondeaux VI
Et enfin, et ce n’est pas la moindre des protagonistes, L’HORLOGE le temps qui passe, la pendule et son tic-tac…
Il y a cela et puis il y a plus, et puis c’est mieux de lire le livre… Un jour, tout s’est mis en ordre comme par magie, les images ci-dessus qui m’ont servi de piste d’envol se sont effacées pour laisser place aux mots qui ont glissé sous ma plume, l’illustrateur Sylvano Bulfoni les a accompagnés de son crayon à dessin. Un peu de poudre de perlimpinpin et vous voilà presque au cœur de l’histoire.
Le temps, dont il dit qu’il passe, alors qu’il s’assoit et reste là à vous regarder passer.
— Jacques Prévert
Fée du destin
Il est la forme la plus inexorable de notre destin. Il est invisible, impalpable, mystérieux. Il se déroule d’une façon régulière. On ne peut ni l’arrêter, ni le ralentir, ni l’accélérer. À MOINS QUE… découvrez cette histoire Et vous aurez peut-être la possibilité De le maîtriser, peut-être…
Le diapolivre n’est ni un film, ni un film d’animation, ni un dessin animé. Il se rapproche du théâtre de papier. C’est un livre illustré vivant
Rapprochement et différence entre le Kamishibaï et le Diapolivre
Petit théâtre d’images, d’origine japonaise
Petit théâtre de diapositives (sur écran)
Kamishibaï (littéralement) : Théâtre de papier qui existe depuis les années 1930. Le conteur de Kamishibaï attirait son public à la sortie des écoles ou sur les places publiques, en racontant des histoires illustrées en 12 planches ou plus, qu’il faisait coulisser dans un cadre au rythme de sa narration. Diapolivre : (littéralement): Livre à feuilleter du regard et des oreilles sur un écran et qui existe depuis 2009. Deux conteurs racontent une histoire illustrée par plus de 200 planches de dessins aquarellés. Les diapos défilent au rythme de la narration, des chansons et de la musique qui les accompagnent.
Le Diapolivre est accessible à tous. (Convivial et familial)
Écrite par Marie an Avel Illustrations, Sylvano Bulfoni
Même si le printemps est particulier cette année, basculement radical du thermomètre d’un jour à l’autre, même si l’île a subi un hiver de tempête qui a abattu de grands arbres, fragilisé certains pins qui laissent pendre leur ramée ; même si je ne suis pas très vaillante, il semblerait que le pollen ait décidé de chatouiller ma gorge, (bon c’est vrai le vent n’a pas été tendre avec l’île cet hiver, à chacun ses humeurs…), même s’il y a quelques jours, de retour du continent alors que je traversais l’île du nord au sud sur mon vélo pour rentrer chez moi j’ai reçu une pluie diluvienne qui m’a secouée d’éternuements toute la semaine, je suis toujours debout…
Et il me reste assez d’énergie pour publier :« La graine tombée du ciel », une histoire qui parle justement d’un archipel lointain, d’une île secouée par les tempêtes de l’hiver, de l’arrivée du printemps, mais, surtout, de la découverte d’une graine tombée du ciel protégée par une adorable rainette en jupette jaune. Je n’en dis pas plus… (Après réflexion je me dis qu’il serait bon de s’interroger sur l’influence de nos écrits sur le monde, qui inspire l’autre ?)
Cette fiction a eu une première version en solitaire, aujourd’hui elle a ouvert grand ses ailes et décollé vers les cimes du grand empyrée grâce aux illustrations de Sylvano Bulfoni et une réécriture qui espère une suite. Nous vous la proposons pour vos enfants, petits-enfants, très grands enfants ouverts aux mondes imaginaires.
Les beaux jours vont venir, ils viennent toujours après la tempête…
Une chose est sûre si le monde s’invente chaque jour à l’image de nos voyages imaginaires, je ferai mon possible pour donner à mes personnages la force de vaincre les revers de la vie et j’essaierai (tant que ma plume se pliera à mes volontés) de ne pas créer de situations trop infernales… Utopie ? Qui sait ? …