Extrait du carnet de Ratiflette Physalis [fizalis] – Bot. Plante vivace appelée couramment amour en cage, au calice renflé très décoratif. → alkékenge, coqueret (même origine que physalie)
« Hum, très jolie plante, je vais en planter à l’entrée du jardin… Patience, patience, j’ai des semences à faire avant, mais bientôt… »
Bientôt ce sera presque 3 ans plus tard… Mais il y a eu tant de choses à faire, à gérer, tant d’imprévus, tant de moments heureux, deux mariages, des petits-enfants, tant d’inquiétudes en écoutant le bruit du monde… Ratiflette, Lucette, Lièvre, Rosalie et tous les autres ne m’ont jamais quittée, je ne les ai jamais laissés tomber.
Les voilà enfin, en beauté, avec une jolie gazette automnale, une rencontre imprévue, des peurs et de la tristesse aussi, mais comme ils disent dans la communauté de Kelfennin, la solidarité et le courage leur permettent bien souvent de triompher des adversités.
La physalis n’a plus la même place, Ratiflette s’est penché sur La Pitaya.
Pitaya [pitaja]– Bot. gros fruit à chair douce et tendre produit par différentes espèces de cactus épiphytes, nommé aussi fruit du dragon.
Ci-dessous vous trouverez la page du livre publié cet automne, je reste à votre disposition si l’histoire vous tente, lecture idéale en octobre, particulièrement aux vacances de la Toussaint.
On ne force pas une curiosité, on l’éveille. — Daniel Pennac
L’univers du livre :
Mathurin et les Sentinelles du temps
Il n’est pas aisé ni très intéressant de parler de soi, encore moins de parler des livres que l’on a écrits. Pourtant, si l’on veut être lu… Dans cet article j’ai eu envie de vous raconter le cheminement de cette fiction, de vous parler des influences qui ont contribué à créer l’histoire — œuvres picturales, photographiques, objets divers, anecdotes, livres, rencontres, etc. — Sans elles il n’y aurait pas eu « Mathurin et Suzon » tels qu’ils existent aujourd’hui dans le livre. Ce sont ces cailloux, ces petites miettes semées par d’illustres artistes ou des inconnus inspirés qui m’ont guidée dans la narration, au fil du temps, au fil des mois, c’est un peu grâce à eux que j’ai pu écrire passionnément jusqu’au point final.
Tout a commencé par un objet qui s’est précisé au fil des jours :
Ah, les bobines de fil, chacune d’elle contient un trésor. Le tricotin, le sucre filé… Tricoti, tricota, tricotin… Suivez le fil doré, le fil d’or, je ne vous donne que des indices… Pour comprendre l’histoire, il suffit de suivre le fil…
Il y a les filles de la Destinée : les Nornes, les Parques, les Tria fata – selon les pays et les traditions – les fées du destin, les fileuses, les filandières… Les illustrations, les peintures, les photographies sont des inspiratrices qui m’ont permis d’entrevoir le cours du destin de mes protagonistes. Dans l’histoire, celles qui filent, celles qui quenouillent et coupent ont un rôle important.
Pour le décor, j’ai choisi la Bretagne, ou plutôt, elle m’a choisie, elle m’inspire. Le littoral, l’île où je vis, ses forêts, ses sentiers côtiers et ses maisons de pêcheurs, mais également ses vieux métiers – pour l’histoire certains d’entre eux ont été de parfaits alliés – les brûleuses de goémon, les brodeuses, les porteuses de pain, le faucheur de trèfle, la paludière…
Les intrépides îliennes dont les hommes sont en mer, ces porteuses de pain illustrent le poids d’éternité qu’ont les gestes du quotidien.
Il y a bien sûr les personnages principaux et leurs rêves. Le farfadet du bois de pins, Mathurin qui rêve de construire des navires, l’instituteur, les autres familles et leurs histoires, Suzon et ses sabots de vent, le vieux Paol qui ne parle que de mer, le bourg et ses traditions, le miaulement du chat en ribouldingue. Mais, silence !
LA MER au loin, la mer et ses crépuscules, la mer et ses naufrages, les hommes et leur passé, l’envie de faire de la haute voltige sur les mâts des goélettes, comme les gabiers… Chut !
SUR LES HOULES DU TEMPS
Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil riant, clair et beau.
— Charles d’Orléans, Rondeaux VI
Et enfin, et ce n’est pas la moindre des protagonistes, L’HORLOGE le temps qui passe, la pendule et son tic-tac…
Il y a cela et puis il y a plus, et puis c’est mieux de lire le livre… Un jour, tout s’est mis en ordre comme par magie, les images ci-dessus qui m’ont servi de piste d’envol se sont effacées pour laisser place aux mots qui ont glissé sous ma plume, l’illustrateur Sylvano Bulfoni les a accompagnés de son crayon à dessin. Un peu de poudre de perlimpinpin et vous voilà presque au cœur de l’histoire.
Le temps, dont il dit qu’il passe, alors qu’il s’assoit et reste là à vous regarder passer.
— Jacques Prévert
Fée du destin
Il est la forme la plus inexorable de notre destin. Il est invisible, impalpable, mystérieux. Il se déroule d’une façon régulière. On ne peut ni l’arrêter, ni le ralentir, ni l’accélérer. À MOINS QUE… découvrez cette histoire Et vous aurez peut-être la possibilité De le maîtriser, peut-être…
Écrite par Marie an Avel Illustrations, Sylvano Bulfoni
Même si le printemps est particulier cette année, basculement radical du thermomètre d’un jour à l’autre, même si l’île a subi un hiver de tempête qui a abattu de grands arbres, fragilisé certains pins qui laissent pendre leur ramée ; même si je ne suis pas très vaillante, il semblerait que le pollen ait décidé de chatouiller ma gorge, (bon c’est vrai le vent n’a pas été tendre avec l’île cet hiver, à chacun ses humeurs…), même s’il y a quelques jours, de retour du continent alors que je traversais l’île du nord au sud sur mon vélo pour rentrer chez moi j’ai reçu une pluie diluvienne qui m’a secouée d’éternuements toute la semaine, je suis toujours debout…
Et il me reste assez d’énergie pour publier :« La graine tombée du ciel », une histoire qui parle justement d’un archipel lointain, d’une île secouée par les tempêtes de l’hiver, de l’arrivée du printemps, mais, surtout, de la découverte d’une graine tombée du ciel protégée par une adorable rainette en jupette jaune. Je n’en dis pas plus… (Après réflexion je me dis qu’il serait bon de s’interroger sur l’influence de nos écrits sur le monde, qui inspire l’autre ?)
Cette fiction a eu une première version en solitaire, aujourd’hui elle a ouvert grand ses ailes et décollé vers les cimes du grand empyrée grâce aux illustrations de Sylvano Bulfoni et une réécriture qui espère une suite. Nous vous la proposons pour vos enfants, petits-enfants, très grands enfants ouverts aux mondes imaginaires.
Les beaux jours vont venir, ils viennent toujours après la tempête…
Une chose est sûre si le monde s’invente chaque jour à l’image de nos voyages imaginaires, je ferai mon possible pour donner à mes personnages la force de vaincre les revers de la vie et j’essaierai (tant que ma plume se pliera à mes volontés) de ne pas créer de situations trop infernales… Utopie ? Qui sait ? …