Catégorie : Portés à l’écran

De la littérature au cinéma

  • Visions splendides du monde

    Visions splendides du monde

    Qui regarde les hommes s’agiter.
    Les moissons du ciel

    Film – Tragédie

    Texas 1916, dans une grande plantation de blé.
    L’histoire de trois personnes, de quatre personnes et plus…

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    Une petite fille raconte en voix off, sa vie avec son grand frère et sa fiancée – qu’il fait passer pour sa sœur – ils sont tous les trois aux prises de grandes difficultés économiques, la vie quotidienne des gens qui n’ont rien. Ils vont faire une rencontre à la plantation de blé où ils travaillent qui va leur ouvrir une opportunité financière inespérée.

    Un étrange ménage à trois va s’établir…

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    A la fin, on regrette ce bonheur pauvre, mais à trois, qu’ils partageaient avec une certaine insouciance. Ils traversaient la vie avec légèreté, sans bagages, seulement celui du lien qui les avait réunis…

    Moissons du ciel

    Peut-être que la misère humaine est moins laide dans la splendeur de la nature…

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    Mais en dehors de l’histoire, de l’intrigue – même si les regards des personnages remplis d’interrogations sont de magnifiques portraits –

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    ce sont les visions splendides du monde qui regarde les hommes s’agiter qui nous touchent. Des clichés majestueux qui écrivent le poème de la nature.

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    Le cours des choses ne saurait s’interrompre par la seule volonté humaine.



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  • Les Veilleuses de chagrin

    Les Veilleuses de chagrin

    « Femme de marin, femme de chagrin ! »

    Un joli documentaire, parfois proche de l’onirisme.

    Elles viennent de Loctudy, Le Conquet, Saint-Malo et Cancale, et sont les veilleuses de chagrin. Ce sont des femmes qui attendent, qui veillent le retour de leurs époux marins. Un chagrin emprunt de mélancolie.
    Il faudra deux ans à la réalisatrice pour trouver les cinq veilleuses de chagrin de son film, pour trois des veilleuses, les hommes ne rentreront pas. Entre témoignages devant la caméra et paysages de mer, entre silences et musiques (magnifique ! signée Matt Elliott), entre poésie et ancres du souvenir, attente et force, la réalisatrice nous embarque pour un émouvant voyage au long cours. Le sujet est traité avec sensibilité, un ton juste et tendre tout en pudeur.
    A la fin du film une chorale de marins remarquable, improvisée pour le tournage, nous emporte pour longtemps bien après le mot fin par delà les embruns, l’espoir sur la rive est puissant…

    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Ciel dont j’ai dépassé la nuit
    Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
    Dans leur double horizon inerte indifférent
    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Je te cherche par-delà l’attente
    Par-delà moi-même
    Et je ne sais plus tant je t’aime
    Lequel de nous deux est absent.

    Paul Eluard, extrait du recueil L’Amour la poésie

    https://plus.google.com/+MarieanAvel/posts/GWVkfmYkq8s

  • La volière aux enfants

    La volière aux enfants

    Que l’air, la lumière, la gaieté circulent à grands flots dans vos classes. Que poussent les rosiers, les liserons, les haricots, qu’importe ! Pourvu que l’école soit entourée d’un jardin, qui sera le lieu de mille leçons de choses, il ne faut pas amuser les enfants, il faut les intéresser. Il y a quelque chose d’irréductible au fond de tout être humain, contre laquelle l’éducation ne peut rien, c’est ce qui fait l’individualité. L’enfance ne devrait être que le moment privilégié où l’on acquiert tout ce qu’il faut pour soi-même afin de devenir un homme, ou une femme, libre, responsable et autonome. Révélez à l’enfant ce qui en lui ne se laisse ni éduquer ni former, soyez plus que des éducateurs, soyez des libérateurs !

    — Marie Pape- Carpantier

    La volière aux enfants

    Cet émouvant plaidoyer en faveur d’une éducation humaniste fut prononcé, en 1867, par Marie Pape-Carpantier, lors de la conférence qu’elle donna à la Sorbonne aux futurs instituteurs du pays. Longtemps méconnue, elle a pourtant joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’éducation de notre pays, elle est considérée aujourd’hui comme la fondatrice de l’école maternelle.

    Si vous n’avez pas vu le film intitulé « La volière aux enfants » d’olivier Guignard, guettez sa rediffusion. Un très beau film sur la naissance de l’ancêtre de nos écoles maternelles, qui se nommaient à l’époque les « salles d’asile ». La comédienne Marilou Berry est très juste et très touchante dans le remarquable rôle de Marie Pape-Carpantier. Je ne connaissais pas cette femme, c’est une belle découverte, j’aurais bien aimé entendre parler d’elle durant mes années scolaires, il y a tant de figures d’hommes sur les livres d’école…
    Oubli ? Cet oubli injuste en dit long sur un système éducatif qui fonctionne mal aujourd’hui, qui ne se renouvelle pas, qui s’est à nouveau laissé envahir par les religions. Finalement cette femme est beaucoup plus moderne que certains d’entre nous aujourd’hui. Un film qui fait du bien.

    Résumé
    En 1835, l’État met en place dans certaines villes de France des garderies pour faire face au nombre croissant de jeunes enfants livrés à eux-mêmes. Marie Carpantier, une jeune femme qui rêve de devenir poète, est choisie pour diriger une de ses « salles d’asile » à La Flèche, dans la Sarthe.

    Marie est d’abord réticente, les enfants sont sales et indisciplinés, les parents se montrent rétifs. Marie est vite découragée mais elle est soutenue par un conseiller municipal qui a une grande confiance en elle et l’envoie à la rencontre d’un homme qui s’occupe d’une salle d’asile et qui va lui révéler sa vocation. Elle en a bien besoin à une époque où l’église et ses bigotes pleines de principes bourgeois et étriquées veulent lui barrer la route.

    Mais c’est sans compter sur le désir grandissant d’apprendre des enfants ainsi que sur celui de leurs parents qui veulent donner à leur progéniture une meilleure vie que la leur.  Grâce à eux et à sa ténacité Marie va trouver le courage nécessaire pour aller au bout de son projet.

    Marie Pape-Carpantier par Colette Cosnier.

    Marie cape Carpentier

    Marie Pape-Carpantier fait partie de ces femmes injustement oubliées alors qu’elle a joué un rôle fondamental dans l’enseignement. Surveillante d’une « salle d’asile » qui deviendra l’école maternelle, elle publie d’abord des poèmes qui sont remarqués par Lamartine et lui valent l’amitié de Marceline Desbordes-Valmore et de Béranger. Dans son premier ouvrage pédagogique elle en écrira une vingtaine, ainsi que des livres pour la jeunesse mais surtout, elle y révèle « le secret des bons instituteurs ». Le succès est tel qu’elle est nommée directrice de l’École normale maternelle créée par la Révolution de 1848.
    Elle va se battre pour que l’école des jeunes enfants soit plus qu’une garderie : amélioration matérielle de la classe, importance de la leçon de choses, de l’éveil, de la gymnastique.

    Ses livres vont remporter différents prix dont celui de l’Académie française et ils influeront sur la politique de l’époque. Marie Pape-Carpantier ne cessera de défendre une idée progressiste de l’enseignement tout en s’attachant à défendre la condition féminine : elle est la première femme à prendre la parole à la Sorbonne.
    Ses concepts très modernes pour son époque font d’elle dans un moment où l’école est en pleine interrogation une pédagogue à redécouvrir.

  • Au bonheur des Ogres

    Au bonheur des Ogres

    Bienvenue dans la drôle de famille Malaussène

    Benjamin  l’aîné d’une adorable fratrie plutôt décalée en a également la charge puisque leur mère a le don de partir à chaque fois qu’elle tombe amoureuse, laissant tous ses enfants sous son entière responsabilité. Benjamin  prend son rôle de soutien de famille très à cœur même s’il passe pour un imaginatif lunaire et rêveur, il a le don de transformer la réalité en un délire coloré pour le plus grand plaisir de toute sa tribu ; c’est un magnifique raconteur d’histoire.

    Mais il a aussi un  travail sérieux et rémunérateur (il est vrai un peu particulier), il est « responsable technique » dans un  grand magasin. Non, en réalité il est « bouc émissaire » du service après vente : il est payé pour prendre de copieuses engueulades lorsqu’un client vient se plaindre. On assiste à un défilé d’irrésistibles scènes comiques et une ­galerie de portraits remarquablement choisis, tout cela dans le but que le client ne porte pas plainte.


    Au milieu de ce quotidien qui ne manque pas de fantaisie, de mystérieuses explosions sévissent dans le magasin, faisant plusieurs victimes. Benjamin qui se trouve à chaque fois non loin de la catastrophe va devoir une nouvelle fois faire le bouc émissaire. Mais là l’affaire n’est plus du tout comique. Grâce à une journaliste têtue et énergique, et qui n’a pas l’intention de s’en laisser conter, il va malgré lui se lancer dans une enquête et avec son aide essayer de prouver son innocence.

    Pour se faire, l’ensemble de la tribu familiale va participer activement, créant des situations cocasses et touchantes.

    les trois acteurs

    Un délice, un régal, un film de pur plaisir,
    la magie du film nous emporte .

    Raphaël Personnaz en benjamin lunaire est très drôle. On croit sans sourciller à sa fantaisie et à son drôle de métier de bouc émissaire. C’est la grande idée du livre et le film en garde toute la saveur.

    L’exubérance de la tribu Maulaussène est la face lumineuse du récit. Le coté sombre, les attentats sanglants et les disparitions d’enfants sont relégués à l’arrière-plan. Cependant  l’ombre est bien présente. Est-il réellement nécessaire d’en montrer plus pour comprendre l’histoire. Le réalisateur a réussi à faire passer le message sans alourdir le propos et ouvre ainsi le film à un grand nombre de spectateurs. C’est une grande réussite.

    J’ai souri, éclaté de rire, je me suis amusé, j’ai déjà envie de revoir le film et de le partager.
    Il y a une belle énergie de la part des comédiens, tous parfaits dans leurs rôles, une grande drôlerie et un charme incontournable des enfants. Une famille excentrique, débordante de fraîcheur et de charme, une famille solidaire, forte, pleine de cet amour qui donne des ailes à la vie (même si tout n’est pas si rose et que les ogres ne sont jamais loin…). Un bol de fraîcheur que je reprendrais bien chaque matin.
    Nicolas Bary a choisi de mettre en avant le bonheur, les « Ogres » ont eu la deuxième place. Un metteur en scène qui mise sur la joie et la fantaisie dans nos salles de cinéma remplis d’hémoglobine et de violence,  je lui fais ma révérence.

    Au bonheur des Ogres, roman de Daniel Pennac paru en 1985 chez Gallimard , est le premier livre mettant en scène la famille Malaussène. Cette famille bien étrange sur plusieurs aspects est surtout liée par un amour inconditionnel de ses membres les uns pour les autres, même si cela se passe dans un environnement farfelu. L’écriture de Daniel Pennac est un vrai plaisir. À chacune de ses pages, on sourit d’attendrissement pour les différents protagonistes, on sourit de plaisir tellement les jeux de mots sont drôles, on éclate de rire tellement les situations sont cocasses. Au Bonheur des Ogres est un concentré de fantaisie, de loufoquerie, un roman absolument captivant.

    Nicolas Bary - Daniel Pennac

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