Que l’air, la lumière, la gaieté circulent à grands flots dans vos classes. Que poussent les rosiers, les liserons, les haricots, qu’importe ! Pourvu que l’école soit entourée d’un jardin, qui sera le lieu de mille leçons de choses, il ne faut pas amuser les enfants, il faut les intéresser. Il y a quelque chose d’irréductible au fond de tout être humain, contre laquelle l’éducation ne peut rien, c’est ce qui fait l’individualité. L’enfance ne devrait être que le moment privilégié où l’on acquiert tout ce qu’il faut pour soi-même afin de devenir un homme, ou une femme, libre, responsable et autonome. Révélez à l’enfant ce qui en lui ne se laisse ni éduquer ni former, soyez plus que des éducateurs, soyez des libérateurs !
— Marie Pape- Carpantier

Cet émouvant plaidoyer en faveur d’une éducation humaniste fut prononcé, en 1867, par Marie Pape-Carpantier, lors de la conférence qu’elle donna à la Sorbonne aux futurs instituteurs du pays. Longtemps méconnue, elle a pourtant joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’éducation de notre pays, elle est considérée aujourd’hui comme la fondatrice de l’école maternelle.
Si vous n’avez pas vu le film intitulé « La volière aux enfants » d’olivier Guignard, guettez sa rediffusion. Un très beau film sur la naissance de l’ancêtre de nos écoles maternelles, qui se nommaient à l’époque les « salles d’asile ». La comédienne Marilou Berry est très juste et très touchante dans le remarquable rôle de Marie Pape-Carpantier. Je ne connaissais pas cette femme, c’est une belle découverte, j’aurais bien aimé entendre parler d’elle durant mes années scolaires, il y a tant de figures d’hommes sur les livres d’école…
Oubli ? Cet oubli injuste en dit long sur un système éducatif qui fonctionne mal aujourd’hui, qui ne se renouvelle pas, qui s’est à nouveau laissé envahir par les religions. Finalement cette femme est beaucoup plus moderne que certaines d’entre nous aujourd’hui. Un film qui fait du bien.
Résumé
En 1835, l’État met en place dans certaines villes de France des garderies pour faire face au nombre croissant de jeunes enfants livrés à eux-mêmes. Marie Carpantier, une jeune femme qui rêve de devenir poète, est choisie pour diriger une de ses « salles d’asile » à La Flèche, dans la Sarthe. Marie est d’abord réticente, les enfants sont sales et indisciplinés, les parents se montrent rétifs. Marie est vite découragée mais elle est soutenue par un conseiller municipal qui a une grande confiance en elle et l’envoie à la rencontre d’un homme qui s’occupe d’une salle d’asile et qui va lui révéler sa vocation. Elle en a bien besoin à une époque où l’église et ses bigotes pleines de principes bourgeois et étriquées veulent lui barrer la route. Mais c’est sans compter sur le désir grandissant d’apprendre des enfants ainsi que sur celui de leurs parents qui veulent donner à leur progéniture une meilleure vie que la leur. Grâce à eux et à sa ténacité Marie va trouver le courage nécessaire pour aller au bout de son projet.
Marie Pape-Carpantier par Colette Cosnier.
Marie Pape-Carpantier fait partie de ces femmes injustement oubliées alors qu’elle a joué un rôle fondamental dans l’enseignement. Surveillante d’une « salle d’asile » qui deviendra l’école maternelle, elle publie d’abord des poèmes qui sont remarqués par Lamartine et lui valent l’amitié de Marceline Desbordes-Valmore et de Béranger. Dans son premier ouvrage pédagogique elle en écrira une vingtaine, ainsi que des livres pour la jeunesse mais surtout, elle y révèle « le secret des bons instituteurs ». Le succès est tel qu’elle est nommée directrice de l’École normale maternelle créée par la Révolution de 1848.
Elle va se battre pour que l’école des jeunes enfants soit plus qu’une garderie : amélioration matérielle de la classe, importance de la leçon de choses, de l’éveil, de la gymnastique. Ses livres vont remporter différents prix dont celui de l’Académie française et ils influeront sur la politique de l’époque. Marie Pape-Carpantier ne cessera de défendre une idée progressiste de l’enseignement tout en s’attachant à défendre la condition féminine : elle est la première femme à prendre la parole à la Sorbonne.
Ses concepts très modernes pour son époque font d’elle dans un moment où l’école est en pleine interrogation une pédagogue à redécouvrir.
Super ce billet, je ne connaissais pas du tout, je vais aller la « googlisé », voir surtout si l’on peut encore trouver ses livres ! 😉 Merci à toi !
J’aimeAimé par 1 personne
Les programmes de télévision ne sont pas toujours passionnants, souvent navrants, ce film relève le niveau du petit écran en nous peignant le portrait d’une femme remarquable qui n’aurait jamais du tomber dans l’oubli. Un bel hommage. Tu auras peut-être l’occasion de le voir, il y a des rediffusions. En attendant il y a ses livres et ceux écrits sur elle, à découvrir…
C’est captivant de faire la connaissance d’une femme aussi douée et en avance sur son époque. Il y a encore en 2015 des trésors inconnus. C’est ennuyeux de l’avoir laissé dans l’oubli mais c’est réjouissant de la voir réapparaître à un moment où l’éducation se pose tant de questions. Je porte un toast à sa renaissance, bonne journée !
J’aimeJ’aime