Comment passer le temps quand il fait froid et qu’il neige en décembre ? Quand il pleut, qu’il vente, et que dehors c’est la gadoue ? En ce moment on a tous envie d’échapper ne serait-ce que quelques instants à ce monde infernal, une envie de partir à Neverland…
Comment faire pour s’y rendre ?
Lire, relire : Barrie, Dickens, Andersen, Perrault, Lagerlöf, Alcott, Rowling, Travers, Hoffman… et pourquoi pas, Le Noël de Minipatte et Le Moulin magique, deux histoires de Noël de la hotte des Exp.éditions imaginaires… Et bien d’autres…
LES AVENTS
Le mois de l’Avent est sujet aux pluies et au vent, cependant… le vent sème aussi les prodiges, les fantasmagories et miracles de Noël. Durant quatre semaines, à qui veut tenter l’aventure, l’Avent ouvre les volets de son calendrier : chants, fées ailées et couronnées, héros de livres d’images, de douces réalités enfantines, des flocons de neige qui tourbillonnent. La magie de décembre recouvre d’un voile blanc les laideurs du monde…
Dehors ? Il ne reste que quelques traces d’animaux, un chant furtif, une forme entrevue, un hululement, deux oreilles dressées sous le taillis… Les bernaches de Sibérie sont de retour, les aigrettes frissonnent sur la lagune, mais ce n’est pas parce que c’est décembre que tout s’arrête.
Les chevreuils perdent leur bois, les cerfs broutent les perles du gui, on apprend que des petits dauphins voient le jour en mer, les cigognes ont des paquets plein le bec, le roi de la basse-cour, queue empanachée et crête écarlate, défie l’hiver du haut de sa superbe, ses cocoricos réveillent et attisent les feux du solstice. Le moineau friquet s’organise au jardin, la mésange et le troglodyte « titi tu… titi tu… » chantent sur la boîte aux lettres, le rouge-gorge volette autour de la maison et à la fenêtre ; « il y a des miettes pour nous ce matin ? » demandent-ils au jardinier qu’ils suivent dans les allées du jardin. On jase, on papote…
Au clair de Noël revient le temps où les bêtes parlaient.
L’Avent, du latin adventus, « arrivée, avènement » est la période de quatre semaines, appelée autrefois « petit carême », il précède la Noël et annonce la naissance du Messie.
On dit aussi…
Depuis les temps anciens, que cette période est consacrée à des rites et des fêtes païennes dédiées au solstice et à la renaissance de la lumière.
Le « mois noir », Missiù dù, disent les Bretons. Il commence par la Toussaint, le jour des morts, et se termine par la Saint-André, jour des vampires. C’est tout dire. Durant tout ce temps, rôdent, errent le long des chemins, des fantômes, des korrigans, des poulpikans ; les sorcières sont de sortie, Baba Yaga sur son balai à califourchon, Jack O’ Lantern, la horde silencieuse des spectres, des crapoussins venimeux, des hantises de toutes sortes…
ON VOIT SURGIR DES FLOTS LE BATEAU NOIR, le Bag-Noz, mais surtout la Cailleac Bheur, la Furieuse aux pets glacés qui sème ses jupons de nuit et ses flanelles de brouillard… nous voilà prévenus.
Mais à bien peser, ces ombres vaporeuses complices de fantasques rencontres, n’engagent-elles pas à rêver, à ouvrir enfin la porte du placard ?
LE LECTEUR DE CONTES ET DE FÉERIES sait qu’il n’a rien à craindre de novembre, il s’installe avec un livre au coin du feu, aux sources rassurantes d’une lueur imaginante, tandis que l’esprit de la maison repose sur son épaule.
C’est en novembre que l’esprit des lieux se manifeste. On l’avait oublié durant les beaux jours, on profitait du grand air, du ciel bleu, des promenades et des jardins fleuris, des plages et des vagues joyeuses… Le vent a tout emporté.
Le nez renifleur, les doigts gourds, on rentre au chaud, on cherche ses pantoufles… L’esprit de la maison nous y attend.
Il peut prendre de nombreux aspects : un parfum de soupe aux légumes, une envie de lecture, de couture, de jeux de société, de canapé cocon devant un film, de feux de bois qui crépite. On ne le voit jamais, ou à peine une seconde, comme un mouvement fugitif au coin de l’œil. Nos aïeux lui avaient donné des noms : Brownie, Pilou, Sotré, Latusé… Des petits noms aussi volatiles que des bulles de savon. Il ne demande rien : une miette par-ci par-là, un fond de verre. Pour dormir un trou de souris lui suffit.
La maison de novembre rassemble ce qui s’est éparpillé, rappelle à elle les enfants partis loin, les bonheurs, les peines, les défunts et les souvenirs passés.
Ses soirées sont aussi douces que les soirées d’été. Le feu crépitant en sera le soleil. Un soleil bienveillant, apaisé, aux clartés tamisées, acoquiné étroitement à l’ombre complice dans une alchimie d’or. ♣ Le Légendaire des saisons.
Un jour la brume en novembre voulait dormir dans ma chambre J’ai fermé la porte à clé la brume m’a encerclé. Brume, brouillard, brouillardise J’en ai fait ma gourmandise.
— Y.Penguilly
À propos de la mâche de la fée Doucette Dans certains contes, on confond parfois cette mâche-doucette avec la raiponce, qui est une sorte de panais. Mais dans les contes ça n’a guère d’importance, car le « Il était une fois », excuse tout !
Chargées d’enfants dorés, de femmes bronze, de colis bossus, les automobiles de septembre semblaient précipiter vers Paris l’offrande ininterrompue de denrées vermeilles, tant la joue était pareille au fruit, et les lèvres rivales des baies les plus rouges.
— Colette, Belles saisons II
Dans le parc…
Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents, Bercer l’été qui meurt dans nos cœurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l’automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.