C’est en novembre que l’esprit des lieux se manifeste. On l’avait oublié durant les beaux jours, on profitait du grand air, du ciel bleu, des promenades et des jardins fleuris, des plages et des vagues joyeuses… Le vent a tout emporté.
Le nez renifleur, les doigts gourds, on rentre au chaud, on cherche ses pantoufles… L’esprit de la maison nous y attend.

Il peut prendre de nombreux aspects : un parfum de soupe aux légumes, une envie de lecture, de couture, de jeux de société, de canapé cocon devant un film, de feux de bois qui crépite. On ne le voit jamais, ou à peine une seconde, comme un mouvement fugitif au coin de l’œil. Nos aïeux lui avaient donné des noms : Brownie, Pilou, Sotré, Latusé… Des petits noms aussi volatiles que des bulles de savon. Il ne demande rien : une miette par-ci par-là, un fond de verre. Pour dormir un trou de souris lui suffit.
La maison de novembre rassemble ce qui s’est éparpillé, rappelle à elle les enfants partis loin, les bonheurs, les peines, les défunts et les souvenirs passés.
Ses soirées sont aussi douces que les soirées d’été. Le feu crépitant en sera le soleil. Un soleil bienveillant, apaisé, aux clartés tamisées, acoquiné étroitement à l’ombre complice dans une alchimie d’or. ♣
Le Légendaire des saisons.
