Soudain me revient cette phrase que je disais comme un refrain, à l’âge de 15 ans : « Le temps court dans mon dos et crie au voleur. »
— Sarah Moon
Immobilité bleue, reflets sur la mer ; lire, écrire, relire, travailler, dormir, trinquer aux projets éblouissants, écouter le vent, observer les oiseaux qui picorent dans la mangeoire du jardin, corriger des pages, chercher des synonymes, parfois des rimes, voilà ma vie. Elle est très sédentaire en ce début d’année 2017. Vous vous souvenez de Trilby l’escargot dans l’exposition « La vie cachée des légumes », je suis comme lui, ma maison me colle à la peau, quelquefois je glisse tranquillement entre le jardin et la côte, j’évite le bateau et les turbulences citadines. Au lieu de déblayer devant la porte, je déblaie mes tapuscrits… Et je peux vous dire qu’il y a du boulot.
Dans « La Poétique de l’espace », Bachelard dit : « … l’accroissement de valeur d’intimité quand une maison est attaquée par l’hiver. »
Que ne suis-je une ourse pour hiberner tranquillement dans ma grotte ? On devrait ralentir le rythme l’hiver et privilégier la vie à l’intérieur. Pas drôle de se lever quand il fait encore nuit, de rentrer quand il fait déjà nuit…
C’est décidé, cet hiver je suis une ourse. Pas une ourse blanche du pôle Nord, à moins que je rejoigne le 80ème parallèle pour atteindre le seuil des dernières terres émergées de l’hémisphère boréal, via l’archipel du Svalbard – « côtes froides » en langue viking. Je dis ça parce que j’ai adoré la lecture « Les royaumes du Nord » de la trilogie « À la croisée des mondes » de Philip Pullman. Devenir l’amie de Iorek Byrnison m’aurait beaucoup plu. Cette pensée m’attriste, les pauvres ours n’ont presque plus de banquise pour s’abriter — je ne vais pas céder à la colère qui m’anime quand je vois les dégâts causés par l’humanité et la lenteur de nos agissements, il y a tant à dénoncer et ce n’est pas le propos de cet article, cependant restons vigilants, restons des veilleurs prêts à élever nos voix contre l’inacceptable —
Attendez, je passe un pull, je m’assois au coin du feu pour boire un liquide presque brûlant ; je suis une ourse de la Taïga ou une ourse des Pyrénées, je vais m’éclipser aux cotés de mon compagnon « le loup des montagnes ». À travers un grognement givré mais sympathique je vous souhaite à toutes et à tous une excellente année. Et surtout gardez vos distances avec la culture ambiante, vous aussi profitez de l’hiver pour prendre du recul. Je passe de temps en temps sur les blogs quand j’ai un peu de temps et je suis souvent éblouie par les richesses qui s’y trouvent… À bientôt, amis de passage !
*Diaporama ©Marie an Avel – Île d’Arz