
J’ai cru autrefois qu’il en était de la tâche écrite comme des autres besognes ; déposé l’outil, on s’écrie avec joie : « Fini ! » et on tape dans ses mains, d’où pleuvent les grains d’un sable qu’on a cru précieux… C’est alors que dans les figures qu’écrivent les grains de sable on lit les mots : « À suivre… »
— Colette, Le Fanal bleu
Je m’assois à ma table pour écrire, et au lieu de plonger dans le chapitre suivant, je relis les chapitres précédents et je décide bien sûr que tel paragraphe dans tel chapitre pourrait vraiment être amélioré ; je réécris donc la page, ce qui m’oblige parfois à réécrire la page suivante voir la précédente… J’introduis des ajouts, je cherche des synonymes parce que je trouve que dans telle page les mots ont tendance à se ressembler, je développe tel passage, je corrige la ponctuation — ma bête noire —, je rends la prose plus rythmée.
Mes feuilles sont couvertes de gribouillis, de dessins, je transfère certains passages sur mon ordinateur pour y voir plus clair. Lorsque je relève la tête, je m’aperçois que des heures ont passé ; je suis allée de la page 99 à la page 99 et demie, alors que je devrais être en train finir le dernier chapitre page 214.
Je regarde par la fenêtre le lapin qui fait la sieste en plein soleil, la faisane qui a gonflé ses plumes pour se tenir chaud, je rêve, parfaitement heureuse, je relis les petits papiers qui décorent mon mur, mes anges gardiens ont toujours des mots qui me rassurent.
difficile de mieux dire l’immense et apaisant plaisir qu’il y a à déplacer un point-virgule à travers un petit paragraphe
🙂
je fais pareil, bien sûr, et peut-être pire…
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