Ô Été, Ô juin, mois de Junon, déesse de la lumière céleste, divinité lunaire et des ventres ronds, qui veille sur les mariages et les enfantements. Jeune aïeule des vieilles mères, des fées ventrières et fées marraines… Elle protège les amours, les amours d’été, les amours toujours, qui toujours ont été.
Juin, mois de la jeunesse, des muses, des vertes prairies, des fenaisons, des grands feux de la Saint-Jean du solstice d’été. Juin à la flore épanouie, aux eaux vives, à la faune en amour, et ces soirées douces et parfumées et longue… du plus long jour… parvenu au sommet de sa course rayonnante.
Juin, une invitation à se fondre dans le moindre brin d’herbe.
Juin, quel bonheur aujourd’hui nous donneras-tu ? Sur l’onde courent tes vents légers…
Un 2e été ? la chaleur (quand ce n’est pas la canicule) et les jours ensoleillés ont commencé en avril cette année voire mi-mars
C’est aujourd’hui l’anniversaire d’un grand poète irlandais : William Butler Yeats (1865-1939). Un peu en référence à l’île où je vis, à la beauté des lacs de Savoie que je viens de quitter (petit périple dans la vallée des Alpes), le poème lyrique « L’île au lac d’Innisfree » est une invitation à une vie bucolique, loin du tumulte des cités… Le poète avait nourri le désir de vivre – à l’exemple de Thoreau dans Walden, suite à une lecture de son père – à Innisfree sur une petite île du Lough Gill.
L’ÎLE AU LAC D’INNISFREE
Allons, je vais partir, partir pour Innisfree, Et y bâtir une petite hutte d’argile et de rameaux tressés : J’aurai là-bas neuf rangs de fèves , une ruche pour l’abeille à miel, Je vivrai seul dans la clairière embourdonnée d’abeilles.
Là-bas j’aurai un peu de paix, car la paix tombe doucement Des voiles du matin sur le champ du grillon ; Là-bas minuit n’est que miroitement et midi y rougeoie d’une pourpre lueur, Là-bas le soir est plein des ailes des linottes.
Allons je vais partir, car nuit et jour j’entends L’eau du lac clapoter en murmures légers sur la rive ; Arrêté sur la route ou sur les pavés gris, Je l’entends dans le tréfonds du cœur.
(extrait de « La Rose et autres poèmes« )
— ACKER BILK - ÁRIA - Michał Urbaniak
Tu me dis de prendre la vie simplement, comme l’herbe pousse sur la levée…
Au bas des jardins de saules
Au bas des jardins de saules je t’ai rencontrée, mon amour. Tu passais les jardins de saules d’un pied qui est comme neige Tu me dis de prendre l’amour simplement ainsi que poussent les feuilles, Mais moi j’étais jeune et fou et n’ai pas voulu comprendre.
Dans un champ près de la rivière nous nous sommes tenus, mon amour, Et sur mon épaule penchée tu posas la main qui est comme neige. Tu me dis de prendre la vie simplement, comme l’herbe pousse sur la levée, Mais moi j’étais jeune et fou et depuis lors je te pleure.
Exp.éditions imaginaires a planté de jolis livres illustrés, Mai pourra les feuilleter…
Mai ! Mois des fleurs, des fées, mois des amours, de toutes les promesses de récoltes. C’est le plus heureux des mois, le plus fêté, le plus chanté, le plus souhaité, le bien-aimé… Il est le printemps, la fleur nouvelle.
« Avril fait la fleur, Mai en a l’honneur ! » ronchonne le vieux sorcier des bois, si vieux qu’il connaît tout des humeurs et des secrets des mois. Avril a réveillé la Belle dormante, ouvert les cieux silencieux, planté la racine… Mai n’a qu’à ramasser, faire le joli cœur, le roi du muguet.
Mais si Mai est volage c’est qu’il se sent éphémère, si fragile avec ses deux notes de coucou que le soleil cuisant de l’été va bientôt griller. Il sait que chacune de ses fleurs nouvelles porte déjà en son cœur une flétrissure et que son vert feuillage ne fait que passer…
Une aube de douceur s'éveille sur la lande :
Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.
Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande
Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus.
Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,
Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,
Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :
Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.
Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !
Sourire virginal de la terre et des eaux !
C'est comme un miel épars dans la lumière blonde
Viviane éveillée a repris ses fuseaux.
File, file l'argent des aubes aprilines !
File pour les landiers ta quenouille d'or fin !
De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ;
Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.
C’est assez qu’un reflet pris à tes doigts de flamme,
Une lueur ravie à ton ciel enchanté, Descende jusqu’à nous pour rattacher notre âme A l’âme du pays qu’a fleuri ta beauté !
— Charles Le Goffic(1863-1932), Le bois dormant (1900)
Chargées d’enfants dorés, de femmes bronze, de colis bossus, les automobiles de septembre semblaient précipiter vers Paris l’offrande ininterrompue de denrées vermeilles, tant la joue était pareille au fruit, et les lèvres rivales des baies les plus rouges.
— Colette, Belles saisons II
Dans le parc…
Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents, Bercer l’été qui meurt dans nos cœurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l’automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.
Le Bleu ! c’est la vie du firmament, le domaine De Cynthia — le vaste palais du soleil […] Le Bleu ! c’est la vie des eaux — l’Océan […] Lorsque dans un Œil, par la volonté du Destin, tu es vivant !