Posés sagement sur leur perchoir, les oiseaux de nuit me regardaient avec indulgence.
L’aigle, c’est le génie ! Oiseau de la tempête, Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte ; Dont le cri fier, du jour chante l’ardent réveil ; Qui ne souille jamais sa serre dans la fange, Et dont l’œil flamboyant incessamment échange Des éclairs avec le soleil.
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te remettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils
Le sel sur la peau et qui brûle les lèvres, l’écume des vagues, les cheveux collés par l’embrun. Tous ces étés de mon enfance. Bottes, cirés, sandales en plastique — les seaux, les pelles, les bouées, les coquillages et les châteaux de sable —
Et ces longues heures à nager entre le rivage et le large, entre les algues et les crabes. Enfant je parlais à la mer comme on parle à une amie qui comprend et devine tout, les vagues me répondaient, avec tendresse et puissance.
La mer me fascine et m’enchante. Je l’aime et je la crains. Quand je vois la terre craqueler sous le fier soleil, j’ai envie de glisser dans l’eau bleu et scintillante jusqu’au crépuscule.
Elle est retrouvée. Quoi ? — L’Éternité. C’est la mer allée Avec le soleil […]
Inspirés par l’eau, un dessin, un livre, une photo, une exposition, ces travaux écrivent l’invisible. Les montages puisent dans un grenier d’images et de mots que j’ai constitué au fil des années ; cartes postales, illustrations de journaux et de revues, découpages de magazines, reproductions de toutes sortes, instantanés de photos, livres de poésies, de voyages, extraits de romans inachevés.
L’image a un étrange pouvoir d’interrogation, de fascination, de sollicitation de l’imaginaire.
Benjamin l’aîné d’une adorable fratrie plutôt décalée en a également la charge puisque leur mère a le don de partir à chaque fois qu’elle tombe amoureuse, laissant tous ses enfants sous son entière responsabilité. Benjamin prend son rôle de soutien de famille très à cœur même s’il passe pour un imaginatif lunaire et rêveur, il a le don de transformer la réalité en un délire coloré pour le plus grand plaisir de toute sa tribu ; c’est un magnifique raconteur d’histoire.
Mais il a aussi un travail sérieux et rémunérateur (il est vrai un peu particulier), il est « responsable technique » dans un grand magasin. Non, en réalité il est « bouc émissaire » du service après vente : il est payé pour prendre de copieuses engueulades lorsqu’un client vient se plaindre. On assiste à un défilé d’irrésistibles scènes comiques et une galerie de portraits remarquablement choisis, tout cela dans le but que le client ne porte pas plainte.
Au milieu de ce quotidien qui ne manque pas de fantaisie, de mystérieuses explosions sévissent dans le magasin, faisant plusieurs victimes. Benjamin qui se trouve à chaque fois non loin de la catastrophe va devoir une nouvelle fois faire le bouc émissaire. Mais là l’affaire n’est plus du tout comique. Grâce à une journaliste têtue et énergique, et qui n’a pas l’intention de s’en laisser conter, il va malgré lui se lancer dans une enquête et avec son aide essayer de prouver son innocence.
Pour se faire, l’ensemble de la tribu familiale va participer activement, créant des situations cocasses et touchantes.
Un délice, un régal, un film de pur plaisir, la magie du film nous emporte .
Raphaël Personnaz en benjamin lunaire est très drôle. On croit sans sourciller à sa fantaisie et à son drôle de métier de bouc émissaire. C’est la grande idée du livre et le film en garde toute la saveur.
L’exubérance de la tribu Maulaussène est la face lumineuse du récit. Le coté sombre, les attentats sanglants et les disparitions d’enfants sont relégués à l’arrière-plan. Cependant l’ombre est bien présente. Est-il réellement nécessaire d’en montrer plus pour comprendre l’histoire. Le réalisateur a réussi à faire passer le message sans alourdir le propos et ouvre ainsi le film à un grand nombre de spectateurs. C’est une grande réussite.
J’ai souri, éclaté de rire, je me suis amusé, j’ai déjà envie de revoir le film et de le partager. Il y a une belle énergie de la part des comédiens, tous parfaits dans leurs rôles, une grande drôlerie et un charme incontournable des enfants. Une famille excentrique, débordante de fraîcheur et de charme, une famille solidaire, forte, pleine de cet amour qui donne des ailes à la vie (même si tout n’est pas si rose et que les ogres ne sont jamais loin…). Un bol de fraîcheur que je reprendrais bien chaque matin. Nicolas Bary a choisi de mettre en avant le bonheur, les « Ogres » ont eu la deuxième place. Un metteur en scène qui mise sur la joie et la fantaisie dans nos salles de cinéma remplis d’hémoglobine et de violence, je lui fais ma révérence.
Au bonheur des Ogres, roman de Daniel Pennac paru en 1985 chez Gallimard , est le premier livre mettant en scène la famille Malaussène. Cette famille bien étrange sur plusieurs aspects est surtout liée par un amour inconditionnel de ses membres les uns pour les autres, même si cela se passe dans un environnement farfelu. L’écriture de Daniel Pennac est un vrai plaisir. À chacune de ses pages, on sourit d’attendrissement pour les différents protagonistes, on sourit de plaisir tellement les jeux de mots sont drôles, on éclate de rire tellement les situations sont cocasses. Au Bonheur des Ogres est un concentré de fantaisie, de loufoquerie, un roman absolument captivant.