Qui regarde les hommes s’agiter. Les moissons du ciel
Film – Tragédie
Texas 1916, dans une grande plantation de blé. L’histoire de trois personnes, de quatre personnes et plus…
Une petite fille raconte en voix off, sa vie avec son grand frère et sa fiancée – qu’il fait passer pour sa sœur – ils sont tous les trois aux prises de grandes difficultés économiques, la vie quotidienne des gens qui n’ont rien. Ils vont faire une rencontre à la plantation de blé où ils travaillent qui va leur ouvrir une opportunité financière inespérée.
Un étrange ménage à trois va s’établir…
A la fin, on regrette ce bonheur pauvre, mais à trois, qu’ils partageaient avec une certaine insouciance. Ils traversaient la vie avec légèreté, sans bagages, seulement celui du lien qui les avait réunis…
Peut-être que la misère humaine est moins laide dans la splendeur de la nature…
Mais en dehors de l’histoire, de l’intrigue – même si les regards des personnages remplis d’interrogations sont de magnifiques portraits –
ce sont les visions splendides du monde qui regarde les hommes s’agiter qui nous touchent. Des clichés majestueux qui écrivent le poème de la nature.
Le cours des choses ne saurait s’interrompre par la seule volonté humaine.
J’ai regardé le jour se parer de nuit, j’ai vu évoluer les sublimes dégradés du soleil en son déclin, l’orangé sanguin virant imperceptiblement au bleu glacier sur le tranchant de l’horizon, j’ai écouté la mer réclamer inlassablement le silence : chut, chut, chut.
Les hommes de génie accomplissent parfois le plus quand ils agissent le moins, car ils doivent méditer leurs inventions et former dans leur esprit les idées parfaites qu’ils exprimeront subséquemment en les reproduisant avec leurs mains.
Berthe Morisot
Peindre est surtout difficile avant de peindre, car l’idée doit précéder le pinceau.
— Simon Leys,« Bonheur des poissons »
Mais parfois…
Il faut savoir abandonner la peinture qu’on voulait faire au profit de celle qui se fait.
Assez des ordres inaudibles donnés par quelques tyrans, du haut de leurs tours de contrôle ! Les remparts et portes se brisent, assez facilement. Les citadelles, les places fortes, les camps retranchés ne résistent pas longtemps.
Un peu de poésie et de douceur… Une évasion en paysages imaginaires. Prenant racine sur la toile du peintre flamand Johachim Patinir, « le passage du Styx », l’artiste Pascale Vine nous entraine vers des évasions évoquant le passage d’une rive à l’autre, du ciel à l’eau et du paradis à l’enfer, dans une abstraction narrative ou chacun peut suivre sa propre histoire… Lien : 17ème salon des Oeuvres sur papier
Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles. Montaigne
Quelques mots extraits de lectures qui me semblent correspondre à la journée des droits des femmes. Ce partage de notes de lectures est ma modeste contribution. Cependant je dois dire que je vois aussi autour de moi beaucoup de jeunes couples en harmonie, respectueux l’un de l’autre, la parité est peut-être plus visible dans la jeunesse… Cependant restons vigilants.
Il ne s’est rien passé aussi longtemps qu’on ne l’a pas écrit.
Virginia Woolf
[…] leur présence dans le monde du travail étant elle-même la clé de toutes les autonomies possibles, dès lors qu’elles se sont (bien tardivement) vues accorder le droit de vote et qu’elles arracheront (encore plus tardivement) la maîtrise du calendrier de leurs maternités éventuelles. Suzanne Gousse
Quand la beauté de la femme est l’effet de sa liberté, elle cesse d’être un spectacle. Elle est une activité, un mouvement, un désir.
Le conformisme est de retour ; mais, incarné par des femmes, il peut se révéler plus redoutable encore, notamment pour celles qui ont vingt ans aujourd’hui. C’est pourquoi la lecture du Deuxième Sexe me paraît plus nécessaire que jamais, non seulement pour retrouver un modèle de combativité et d’indépendance d’esprit, mais parce qu’à ce jour je ne connais pas une philosophie plus libératrice pour les femmes que celle qui préside à cet ouvrage.
Ne nous y trompons pas, c’est en grande partie grâce au retentissement du Deuxième Sexe que la contraception, l’avortement ou le concubinage ont été reconnus comme légitimes dans nos sociétés.
Asservissement
[…] la femme française est un trésor national, quasiment une marque déposée. Elle a pour noble mission de perpétuer l’image d’élégance associée au pays, ne serait-ce que pour servir le rayonnement international des deux géants français du luxe, Moët Hennessy Louis Vuitton (LVMH), le groupe de Bernard Arnault, et Pinault Printemps Redoute (PPR), celui de François Pinault (propriétaire notamment de Gucci et d’Yves Saint Laurent).
Avec l’aide du discours des magazines féminins qui a viré à l’entreprise de décervelage pur et simple. Dans les magazines pour adolescentes, les seules femmes qui sont mises en vedette, ce sont les mannequins et les actrices. Forcément, leurs lectrices en déduisent que c’est cela, la réussite pour une femme. Une question : une actrice dont le physique ne correspond pas aux critères de ce milieu ou qui se désintéresse de la mode, qui n’assiste pas aux défilés, qui refuse d’ouvrir les portes de son dressing ou de décrire sa « routine beauté » a-t-elle encore une chance de percer ? Ce refus d’être en représentation permanente, d’être séduisante, « sexy » et « féminine » à toute heure du jour est impardonnable.
Ce qui change aujourd’hui, c’est le peu de résistance que rencontre désormais cette pression ; c’est l’acceptation résignée ou enthousiaste, par les principales intéressées, de l’idée que l’essentiel de la valeur d’une femme dépend de son apparence. Mona Chollet
Hors réalité C’est pourtant peu dire que Carrie, Charlotte, Miranda et Samantha, évoluant dans le microcosme de Manhattan et exerçant respectivement les professions de journaliste, galeriste, avocate et attachée de presse, ne sont pas représentatives. Elles sont l’arbre qui cache la forêt, la petite élite privilégiée dissimulant la masse de toutes celles pour qui, compte tenu de leur situation financière, l’indépendance conquise par leurs aînées reste lettre morte. Non seulement les femmes, dans leur grande majorité, pâtissent comme les hommes de l’accroissement des inégalités sociales – constaté en France dans la période récente, et de longue date aux États-Unis –, mais elles sont aussi plus touchées par la pauvreté et le travail précaire. En France, rappelons-le, elles gagnent en moyenne 27 % de moins que leurs collègues masculins.
Ce qui est rejeté, c’est la figure maternelle, perçue comme à la fois trop puissante – quand il s’agit de sa propre mère – et trop faible, trop vulnérable – quand il s’agit des mères en général et de leur statut social, puisqu’elles sont autant méprisées qu’hypocritement glorifiées. Une jeune fille dit ainsi vouloir rester une enfant, « comme Peter Pan » ; c’est-à-dire être un garçon.
Elle veut donner satisfaction, elle veut s’adapter, ne pas faire de vagues, elle veut convenir.
L’idéal de beauté actuel pour les femmes, dit Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire, c’est, paradoxalement, « un garçon avec des seins » : une liane aux hanches étroites, aux fesses fermes et rebondies mais peu opulentes (les seins, en effet, sont tolérés et même appréciés, à condition qu’ils soient ronds et fermes). J’ai connu une fille qui a développé des hanches et des seins à la sortie de l’adolescence. Son agence lui a dit de “faire attention” car elle était “en train de devenir une femme”. Comme si devenir une femme était quelque chose à éviter ! Si les femmes se laissaient moins facilement persuader de leur indignité physique, le marché de la chirurgie esthétique, aujourd’hui en croissance exponentielle, s’effondrerait, et les médecins retourneraient soigner.
Jane Austen, une moderne au XIXe Siècle La focalisation sur la femme est encore très rare à l’époque : les artistes et les écrivains n’accordent en général qu’une place restreinte à la gent féminine, celle-ci étant considérée comme inférieure. Les romans de Jane Austen, structurés autour d’une héroïne et s’intéressant de près à sa vie et à ses sentiments, qui de plus sont écrits par une femme qui n’hésite pas à donner son point de vue sur la condition féminine, font donc figure d’exception dans le paysage littéraire du début du XIXe siècle.