Jusqu’à nouvel ordre !

Les écrivains font des châteaux en Espagne, les lecteurs y vivent, et les éditeurs touchent les loyers.
— Maxime Gorki, (1868-1936)

Et pas d’évolution ? Aparté suite à une lecture en ligne vantant le travail de l’éditeur : « Pour faire trembler Amazon qui ne s’en remettra pas, soutenez directement les auteurs ET (la maison d’édition) en commandant vos livres sur son site ».
J’ai cherché sur le site de la maison d’édition la page consacrée à ces auteurs si bien soutenus (enfin une maison d’édition qui prend en compte le travail de l’auteur) et après avoir cliqué sans succès sur presque toute la navigation j’ai enfin trouvé tout en bas dans le pied de page à la catégorie contact une porte pour les auteurs  :
Envoi de manuscrit : nous fermons la réception de manuscrits jusqu’à nouvel ordre.
Libraires, bibliothécaires, journalistes : rendez-vous sur les pages Pro qui vous sont dédiées (charmant ce tapis rouge…)

Pour les auteurs et leur travail, la porte était close ; même pas un petit « bonjour » sympa ; « une boisson chaude ? » ; « il avance comme vous voulez votre roman ?« . Comme soutien aux auteurs, « jusqu’à nouvel ordre », on se croirait presque sur les bancs de l’école, « Je ne veux plus entendre une mouche voler… »

écrire


Les écrivains, malgré de grandes prétentions à la liberté, sont souvent d’un conformisme affligeant. « Le crime capital pour un écrivain, c’est le conformisme » prétendit Rémy de Gourmont, dans Le livre des masques (1896).

On serait tous à genoux devant ces faiseurs de livres à la chaîne ? Non, il y a eu de nombreux rebelles, des insoumis. Les frères Goncourt jugeaient « inacceptables » les suggestions de corrections de l’éditeur Didot. De même, Victor Hugo ou encore Charles Baudelaire écrivaient : « On ne retouche pas MES vers ». Selon Gustave Flaubert, un éditeur est un exploiteur qui « n’a pas le droit de vous apprécier ». Plus récemment, Marguerite Duras n’a jamais supporté la moindre remarque sur ses textes. Jean Cocteau répondit un jour à son éditeur Bernard Grasset qui l’agaçait en lui rappelant sans cesse l’importance de son rôle : « Vous devriez imiter les producteurs de cinéma, annoncer en gros titre « Un livre de Grasset » et en petits caractères « paroles de Cocteau », etc. Oui, il y a quelques bons éditeurs (du moins je veux le croire et ils peuvent être de bons conseils), mais il faut savoir sortir de ses gonds de temps en temps.

Voilà, ça va mieux. Non mais… jusqu’à nouvel ordre !

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Par Marie an Avel

Autrice indépendante. J'écris et je publie des livres illustrés : jeunesse, adulte, livre audio.

2 commentaires

  1. Juste un bon article.
    De plus ce matin sur france-inter alors que l’on apprenait le nom du lauréat du prix qu’ils ont organisé pour la littérature étrangère la journaliste nous dit : « Il faut soutenir les éditeurs qui mouillent leur chemise ». Euh ! Si je peux me permettre d’ajouter – les auteurs mouillent bien plus d’habits sous leur paletot que la plupart des acteurs de la chaîne du livre. Non contents de tremper toutes leurs frusques, certains mouillent de leurs larmes le papier sur lequel ils écrivent, par crainte de manquer de temps et de moyens pour terminer leur ouvrage. Il faut surtout soutenir les auteurs (trop souvent précaires), sans eux que lirions-nous ? Sans eux où irions-nous ? Pas dans un château en Espagne en tout cas !
    Il y a tant de chose à dire sur ce vieux métier.
    Merci Marie et bonne journée littéraire.

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