
Mon inspiration puise sa nourriture dans le grand chaudron des contes et des histoires fantastiques.
Après avoir mijoté sur un feu merveilleux elle donne forme à des aventures hors du temps.
Pourquoi proposer le livre au format numérique ?

J’ai toujours écrit, certainement comme un grand nombre d’entre nous pendant l’adolescence sur mon journal, mais pas seulement, je me suis vite tournée vers l’invention de textes de fiction. Un besoin intime et profond de mettre en scène les vagabondages de mon imagination.
D’après mes souvenirs, si je n’ai pas la mémoire qui flanche, ma première longue histoire date de mes 14 ans. Je l’ai rédigée lors de vacances d’automne à la campagne. Je me souviens très bien de cet instant de ma vie alors que j’ai vécu autour de ces années d’adolescence des évènements beaucoup plus intrépides. Mais celui-ci fait vibrer une note essentielle de ce que je suis.
C’était un soir de novembre ou de la fin octobre, il devait faire froid car nous avions allumé un grand feu dans la cheminée, blottie dans une couverture chaude je m’étais assise sur le tapis avec un grand bol de chocolat fumant. Je me souviens de ce bonheur qui m’envahissait dès que les flammes montaient et que le bois crépitait. J’étais subjuguée, presque hypnotisée par le ballet magnifique des longues et gracieuses danseuses jaunes.
Je sais aujourd’hui que ce sont elles qui m’ont inspiré ma première histoire. Après avoir avalé ce délicieux breuvage concocté par un tout aussi délicieux ami d’enfance, j’ai grimpé quatre à quatre l’escalier qui menait aux chambres pour attraper le carnet et le crayon qui traînent depuis toujours sur ma table de nuit.

Et durant de longues heures j’ai dessiné avec application les belles lignes que m’inspirait la magie du feu. J’ai écrit cette première fiction sans m’arrêter. Cela ne m’est plus jamais arrivé, jamais aussi précisément. Quand j’ai relu ce texte, des années plus tard, je lui ai trouvé de nombreuses maladresses ; mais je n’ai pas oublié la muse de cette soirée et lorsque je la revois danser dans l’âtre elle parvient encore à m’emporter hors des frontières du réel.
Les années ont passé et la vie m’a emportée dans son tourbillon, je n’ai pas réussi à maintenir le cap que j’aurais aimé suivre à cette époque. Aujourd’hui avec le recul et un regard différent sur les êtres et les évènements, je repense à cette amie qui ne m’a jamais quittée, même si je ne lui ai plus aussi souvent prêté attention.
Il y a quelque temps j’ai décidé de corriger et de faire la mise en page de quelques-uns des textes qui remplissent mes étagères, mais également d’en inventer de nouveaux, pour les publier sur la toile. Cette possibilité, cette liberté qu’offre Internet avec la publication en ligne m’enthousiasme plus que je ne saurais l’écrire. Plaisir d’être lue et de vous lire.
Il faut bien reconnaître
que le livre n’est pas un objet particulièrement
bien inventé :
il attire la poussière,
il se déglingue facilement,
il est fragile et pas pratique,
et ça en tient de la place dans une bibliothèque,
(….)
Plus de livres ?
Pourquoi pas ?
Il y a bien eu des
œuvres littéraires
avant l’imprimerie, pourquoi n’y en
aurait-il pas après ?
— R.Queneau