Hubert Nyssen
S’adressant à une lectrice imaginaire, Hubert Nyssen, fort de sa double expérience d’écrivain et d’éditeur, passe au tamis les craintes, les espérances, les prévisions et les prophéties qu’inspire la supposée crise du livre.
Déjà je peux commencer par dire que j’ai lu tout le livre, ( un exploit, par rapport à mes deux précédentes lectures concernant le prix des lectrices). Cette façon qu’à l’auteur de s’adresser à une lectrice imaginaire apporte tout de suite une intimité qu’on se plaît à retrouver chaque jour. On vit une conversation intimiste, profonde, parfois drôle sur un sujet vaste et intéressant (le milieu du livre et de l’édition). La parole d’Hubert Nyssen si concerné et impliqué par la vie du livre nous emporte dans sa passion jusqu’à la dernière phrase . Je me suis souvent imaginée près d’un feu, c’est une lecture que j’ai faite cet hiver, dans un fauteuil confortable et face à un homme ( un vieil ancêtre lointain ) avec qui j’avais rendez-vous chaque soir. Au fil des heures passées à l’écouter, il me révélait une partie de ce trésor familial si bien caché depuis des millénaires. Les mots partagés m’ont permis de découvrir ces couloirs parfois interdits de notre vieille maison d’édition si fascinante…
Ce qui semble être central dans cette réflexion :
La littérature (et par-delà, la lecture) ne se survivra que si elle est exigence, travail et désir. Exigence sur la qualité des textes publiés, sur la capacité des auteurs et des critiques à lire (à l’exemple de Max-Pol Fouchet qui disait lire trois fois chaque livre : une fois pour en prendre connaissance, une fois pour l’analyser, et une fois pour le confronter aux commentaires qu’il s’apprêtait à faire) ; exigence sur la langue. L’avenir de la lecture est sans doute lié au sort que nous réserverons à la connaissance des langues et à la pratique du langage.
Thierry Ermakoff
Extraits :
Mon vœu est pour souhaiter des écrivains indifférents aux modes, des éditeurs affichant dans leur raison sociale ce qu’ils sont, des éditeurs littéraires, et des libraires reconstituant des lieux de rencontre […]
[…] des bibliothèques aux façades illuminées et aux portes ouvertes jusque tard dans la nuit, où on pourrait consulter les livres sous des lampes aux abat-jour verts, poser des questions sans souffrir de paraître ignorant […]
Un livre en appelant parfois un autre, j’ai lu dans la lancée « Petits bonheurs de l’édition » de Bruno Migdal et « Une histoire de la lecture » d’Alberto Manguel (je ne l’ai pas encore terminé, je le lis par vagues d’envies…).
Je suis convaincu que nous continuerons à lire aussi longtemps que nous persisterons à nommer le monde qui nous entoure.
Alberto Manguel – La bibliothèque de Robinson