Sur le tapis mou du bois Avancer à pas de velours S’asseoir à votre pied Dans le clair-obscur et le silence. Loin des querelles du monde. Écouter le bruissement de votre feuillage… Et caresser alternativement De la main et de l’œil… Vous appeler à voix basse Par vos noms merveilleux : Chêne blanc. Tremble Érable. Charme Bourdaine. Osier. Bouleau blanc Mes mille amis muets !…
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse, Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, — Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire — III-Elévation, « Les Fleurs du mal »
Allons, poème d’amour, lève-toi d’entre ce verre brisé, car l’heure est venue de chanter. Aide-moi, poème d’amour, à rétablir l’intégrité, à chanter sur la douleur. Il est vrai que le monde ne s’est pas débarrassé des guerres, qu’il ne s’est pas purifié du sang, qu’il ne s’est pas corrigé de la haine. Mais il est vrai aussi que nous approchons d’une évidence : les violents se reflètent dans le miroir du monde et leur visage est laid, même pour leurs propres yeux.
Et je continue à croire à la possibilité de l’amour. Je suis certain que les hommes finiront par s’entendre, triomphant des douleurs, du sang et du verre brisé. »
Pablo Neruda, J’avoue que j’ai vécu (mémoires)
Un écrivain, un poète que j’aime beaucoup. Cela fait plus de quarante ans qu’il est mort (1973) en écrivant ces lignes, pourtant ces mots (maux) sont toujours d’actualité. L’espoir demande une capacité d’endurance et de persévérance extraordinaire…
Parce que la vie c’est aussi un soleil chaud qui fait briller la mer… Je commence la semaine après un week-end éclairé par une fée, magicienne du rire, créatrice du plus doux zéphyr…
Capucine à la plage
[…] Le vent dans tes cheveux défaits Comme un printemps sur mon trajet Un diamant tombé d’un coffret Seule la lumière pourrait Défaire nos repères secrets Où mes doigts pris sur tes poignets Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai
Et quoique tu fasses L’amour est partout où tu regardes Dans les moindres recoins de l’espace Dans le moindre rêve où tu t’attardes L’amour comme s’il en pleuvait […]
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables !
Au plus fort de l’orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C’est l’oiseau inconnu. Il chante avant de s’envoler. — René Char
Quelques mots choisis, ceux du poète René Char, parce qu’il tenait sa lumière de sa liberté, ceux de Nina Berberova, parce qu’elle a vécu l’exil. Les poètes ont souvent fait lever l’espoir. Pour rendre hommage aux victimes des attentats, de Paris et d’ailleurs dans le monde entier…
Où l’esprit ne déracine plus mais replante et soigne, je nais. Où commence l’enfance du peuple, j’aime.
Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté.
Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir. Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.
— René Char, extraits de Poésies
Il arrive dans la vie de chacun que, soudain, la porte claquée au nez s’entrouvre, la grille qu’on venait d’abaisser se relève, le non définitif n’est plus qu’un peut-être, le monde se transfigure, un sang neuf coule dans nos veines. C’est l’espoir. Nous avons obtenu un sursis.[…] – Le roseau révolté
Rien n’est écrit d’avance, c’est nous qui créons l’avenir.