Chargées d’enfants dorés, de femmes bronze, de colis bossus, les automobiles de septembre semblaient précipiter vers Paris l’offrande ininterrompue de denrées vermeilles, tant la joue était pareille au fruit, et les lèvres rivales des baies les plus rouges.
— Colette, Belles saisons II
Dans le parc…
Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents, Bercer l’été qui meurt dans nos cœurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l’automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.
Une citation soulignée l’an passé qui m’inspire plus que je ne saurais l’exprimer avec cette canicule qui dure depuis début avril.
Être sous la pluie, comme cela doit être divin, la bruine, légère et parfumée, être à Fowey, maintenant, avoir froid, frissonner, se pelotonner dans un épais manteau, marcher dans l’herbe verte et mouillée, respirer l’air pur, caresser l’écorce rugueuse d’un arbre, les pétales veloutés constellés de rosée, contempler la mer qui se déchaîne contre les falaises. Se promener devant Menabilly, poser ses mains sur les murs gris du manoir, ressentir ce frisson de plaisir intense.
Daphné Du Maurier se met à rêver de vivre au bord de l’eau, comme si la devise de Trébeurden, Ar Mor Eo Ma Plijadur (la mer est mon plaisir), avait été écrite rien que pour elle.
— Extrait de la biographie écrite par Tatiana de Rosnay « Manderley for ever » que j’ai adoré lire.
L’homme a trouvé à y satisfaire son goût du risque et des prouesses physiques, sa vanité et sa jactance, et surtout sa férocité innée.
Tu ne feras pas souffrir les animaux, ou du moins tu ne les feras souffrir que le moins possible, ils ont leurs droits et leur dignité comme toi-même.
est une admonition bien modeste ; dans l’actuel état des esprits, elle est, hélas, quasi subversive. Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme que parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, puisqu’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures si nous n’avions pas pris l’habitude de fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en route vers l’abattoir, moins de gibier humain descendu d’un coup de feu si le goût et l’habitude de tuer n’étaient l’apanage des chasseurs. Et dans l’humble mesure du possible, changeons – c’est-à-dire améliorons s’il se peut – la vie.
Assez des ordres inaudibles donnés par quelques tyrans, du haut de leurs tours de contrôle ! Les remparts et portes se brisent, assez facilement. Les citadelles, les places fortes, les camps retranchés ne résistent pas longtemps.
Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, « son chef-d’œuvre », disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord… Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillé sur les autres enfants endormis.
La vie est presque la même pour nous tous lorsque nous sommes dans le processus de création – aucun auteur ne semble faire grand-chose de plus que ce qui est accessible à tous – cependant je ne peux que les remercier d’avoir pris le temps d’écrire ces notes sur leur travail et de les avoir partagées. Elles me permettent de prendre du recul lorsqu’un passage à écrire me bloque, lorsqu’un personnage troublant remet en question ce que je viens d’écrire et qu’il me fait soudain douter de tout.
Ces livres posées près de moi, me donnent la sensation d’être entourée d’ancêtres, d’amis généreux, à l’écoute et toujours là pour me soutenir. J’ai envie de partager ce soutien avec vous qui aimez écrire, inventer, imaginer… peut-être ai-je lu ici ou là une phrase, une anecdote, un passage qui vous a échappé dans vos lectures et qui répondra à vos interrogations du moment, ou tout simplement vous fera sourire…
Je travaille actuellement sur un premier roman qui me fait languir, il n’a pas l’air de vouloir que je pose le mot fin. A moi de voir si c’est un caprice ou s’il me cache encore quelque anecdote importante… Je termine aussi ma deuxième nouvelle illustrée et je ne saurais dire pourquoi, mais je l’aime particulièrement – je ne parle pas de mon écriture, je ne berce pas dans la flatterie et la suffisance à ce point – c’est plutôt le contenu, le cadre, le personnage principal, il va me manquer, c’est sûr…
Mais revenons à nos moutons ; dans cette nouvelle il y a un cercle (je n’en dirais pas plus, on ne sait jamais, il paraît que les blogs ont des oreilles…) qui m’a inspiré le nom de cette nouvelle catégorie : « Le Cercle des Scribes », un cercle littéraire informel qui défend la valeur de la fiction narrative et la poésie. Le temps est venu de transmettre cet héritage remarquable qui ouvre des portes, qui ravive les flammes.
Les activités du cercle (ou de cette catégorie) consistent à écrire des passages d’œuvres aimés, pour leur soutien au moment de la création – ou à d’autres moments – que les lecteurs/membres assidus ou de passage peuvent noter, ou discuter s’ils en ont envie…