Nous lisons parce que, même si lire n’est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas.
Comment ne pas être touchée et émue en écoutant cette chronique littéraire, si élogieuse envers le personnage de Louison, ma compagne imaginaire de ces quatre dernières années, que j’ai tant de mal à quitter alors que je m’attèle à la publication du tome II ?
Je remercie Jean-Benjamin Jouteur pour ce retour de lecture, à la fois délicieux, émouvant, profond et d’une remarquable finesse. Sa perception de mon travail d’auteure autour de ce roman est subtile, juste et inattendue. Je n’avais pas conscience de tout ce que j’avais exprimé à travers l’histoire de Louison, tant les mots nous emportent au-delà de nous-mêmes.
Profondément émue à l’écoute de sa chronique vidéo, j’ai ressenti le besoin d’aller marcher sur le sentier côtier pour apaiser mes émotions. J’y suis restée un moment, le regard perdu dans les étoiles.✨ Entendre quelqu’un parler avec enthousiasme et poésie d’un travail que l’on a accompli, seule avec ses personnages pendant de longs mois, est une expérience à la fois déstabilisante et réconfortante.
Son regard de lecteur révèle un esprit pénétrant et clairvoyant. C’est toujours difficile de s’exprimer sur ce que l’on écrit. Je suis touchée qu’il ait pris le temps de parler de mon roman. C’est un cadeau inestimable. J’espère pouvoir lui rendre la pareille, car j’ai apprécié son livre, « La Messagère de Verre« .
Sous le voile du secret comme sous celui de la nuit, chacun dissimule sa vraie vie, celle qui présente le plus grand intérêt.
A. Tchekhov
Si vous aimez l’histoire, la petite et la grande, ce livre est fait pour vous. Si vous êtes attiré par les récits d’amour, les amitiés complexes et troublantes, la passion ardente, intense et tragique, les apparitions, les amours éphémères abordés avec humour, alors cette lecture vous est destinée.
Si les enquêtes policières, les mystères et les complots vous captivent, si vous prenez plaisir à déceler les indices, Archibald Appelton vous entraînera dans son histoire extraordinaire jusqu’à la toute dernière phrase.
Je l’ai lu en 2 jours, durant un week-end de pluie et de vent, c’est assez courant ces derniers temps, l’automne joue les prolongations… Mais peu importe, soirée d’hiver, d’été, après-midi pluvieux, en compagnie d’Archibald Appelton on ne s’ennuie jamais. On rit, on sourit, on adhère à ses colères, on est secoué et ému par les tumultes de la grande Histoire et ses tragédies, on aime passionnément, et on nourrit de grands espoirs pour lui…
La lignée est-elle cruciale ? Qu’en pensez-vous ? Avec l’âge, les questions sur l’ascendance et l’au-delà semblent émerger inévitablement.
Je le relirai probablement, pour moi c’est le signe d’un bon roman. Je découvrirai sans doute de nouveaux éléments, et je me laisserai volontiers tenter par une autre balade à la pointe du Bill, près de ce pin majestueux, à Moustérian, cet endroit enchanteur.
Le style de Bernard se caractérise par une prose élégante, fluide et poétique, animée par un personnage principal attachant. Vous trouverez de nombreuses palettes dans les personnages secondaires, des contrastes qui enrichissent et approfondissent le récit.
Il est reconnu que lorsque cinq individus assistent au même événement, il existe cinq perceptions différentes. Nos jugements ne sont jamais objectifs ; nous sommes inévitablement subjectifs.
Ceci est mon humble avis de lectrice : si vous souhaitez vous forger votre propre opinion, explorer les profondes interrogations d’Archibald (je l’appelle par son prénom, nous avons partagé un moment à travers ces pages), ses soucis, les rebondissements qui parcourent sa vie, l’incroyable dénouement de l’histoire, je vous recommande vivement de lire ce livre.
À cette époque où les yeux brillent, les joues s’enflamment, les mains tremblent, en ouvrant le paquet tant désiré.
Nos deux histoires de Noël, Le Moulin magique et Le Noël de Minipatteont un univers commun avec les Contes d’une grand-mère de George Sand, ils ont les attentions bienveillantes et affectueuses des grand-mères et des fées, ils aiment la nature. Ils parlent de magie et d’amour ♫♪♫
Le tome 1 «Louison » du roman « Les souvenirs oubliés sont-ils perdus à jamais» fait aussi un clin d’œil à Aurore Dupin… On y croise des marionnettes, on y mange de délicieuses pâtisseries, on jardine, on plante des arbres, on répare les poupées et les nounours, le bonheur des enfants pour qui ils sont les meilleurs confidents.
Connaissez-vous les « Contes d’une Grand-mère » de George Sand ? Dans ces contes, les fées et la magie s’y trouvent toujours liés à la Nature, l’affection de l’auteure pour celle-ci se retrouve dans chaque histoire.
Ah ! voilà ! répondit en riant la fée aux gros yeux. Toujours la même question ! Ma pauvre Elsie, les grandes personnes la font aussi, c’est-à-dire qu’elles n’ont, pas plus que les enfants, l’idée saine des lois de l’univers. Elles croient que tout a été créé pour l’homme et que ce qu’il ne voit pas ou ne comprend pas, ne devrait pas exister. Mais moi, la fée aux gros yeux, comme on m’appelle, je sais que ce qui est simplement beau est aussi important que ce que l’homme utilise, et je me réjouis quand je contemple des choses ou des êtres merveilleux dont personne ne songe à tirer parti. Mes chers petits papillons sont répandus par milliers de milliards sur la terre, ils vivent modestement en famille sur une petite feuille, et personne n’a encore eu l’idée de les tourmenter.
À lire à voix haute, sous une couverture, devant un sapin, pour que Minipatte murmure ses secrets. Si vous aimez les aventures saupoudrées de flocons,…
Études rassemblées — Les unes s’intéressent au texte de l’œuvre, à son discours ; d’autres montrent l’importance du texte comme source de l’élaboration d’une image ou d’une généalogie de représentations ; certaines explorent les parentés esthétiques entre littérature et arts visuels ; d’autres enfin montrent comment le texte s’anime pour devenir visuel.
Que faire Nicolas ? Enterrer les morts et réparer les vivants
— A. Tchékov, Platonov
Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit d’article sur mes lectures, mais ce livre m’a bouleversée, émue aux larmes, remplie de réflexions, d’interrogations et de visions inattendues. Il a chamboulé mon quotidien, laissant derrière lui des mots que je n’oublierai jamais.
Je ne vais pas ici faire de résumé de l’histoire, il existe sur la page de l’éditeur – Éditions verticales – et sur toutes celles des catalogues qui le diffusent.
Durant toute la lecture du livre, nous suivons les organes, surtout le cœur, de Simon Limbres ; j’ai suivi, accompagné durant plusieurs soirées (le temps de la lecture du livre auquel j’ai accordé des pauses tant il est puissant, intense) la migration de ce cœur vers un autre endroit de la planète, vers une autre province, vers un autre corps, pour que ses battements continuent.
L’arrêt du cœur n’est plus le signe de la mort, c’est désormais l’abolition des fonctions cérébrales qui l’atteste. En d’autres termes : si je ne pense plus alors je ne suis plus. Déposition du cœur et sacre du cerveau – un coup d’État symbolique, une révolution.
L’histoire d’un cœur qui passe du corps d’un jeune homme de 19 ans à celui d’une femme mûre, pour la sauver, tandis que son premier hôte n’est déjà plus de ce monde. L’histoire d’un cœur, d’une promesse de vie, de ce lien si fragile qui nous relie et nous retient. La découverte des métiers de la médecine, concernés par la transplantation, qu’on ne connaît pas ou si peu tant qu’on n’est pas confronté au pire. J’ai été émue et anéantie par la souffrance des parents du jeune homme, de ses proches.
Marianne entend cet homme qui l’appelle et elle pleure, traversée par l’émotion que l’on ressent parfois devant ce qui, dans le temps, a survécu d’indemne, et déclenche la douleur des impossibles retours en arrière…
J’ai été impressionnée par la maîtrise et l’empathie des infirmiers et des médecins. Révoltée par la brutalité de la mort.
Une heure plus tard, la mort se présente, la mort s’annonce, tache mouvante au pourtour irrégulier opacifiant une forme plus claire et plus vaste, la voilà, c’est elle.
Ils se regardent une fraction de seconde, puis un pas et ils s’étreignent, une étreinte d’une force dingue, comme s’ils s’écrasaient l’un dans l’autre, têtes compressées à se fendre le crâne, épaules concassées sous la masse des thorax, bras douloureux à force de serrer, ils s’amalgament dans les écharpes, les vestes et les manteaux, le genre d’étreinte que l’on se donne pour faire rocher contre le cyclone, pour faire pierre avant de sauter dans le vide, un truc de fin du monde en tout cas quand, dans le même temps, dans le même temps exactement, c’est aussi un geste qui les reconnecte l’un à l’autre – leurs lèvres se touchent –, souligne et abolit leur distance, et quand ils se désincarcèrent, quand ils se relâchent enfin, ahuris, exténués, ils sont comme des naufragés.
Des enfants de la fin des années soixante, ils vivent dans un coin du globe où l’espérance de vie, élevée, ne cesse de s’allonger encore, où la mort est soustraite aux regards, effacée des espaces quotidiens, évacuée à l’hôpital où elle est prise en charge par des professionnels. Ont-ils seulement déjà croisé un cadavre ? Veillé une grand-mère, ramassé un noyé, accompagné un ami en fin de vie ? Ont-ils vu un mort ailleurs que dans une série américaine Body of Proof, Les experts, Six Feet Under.
J’ai été secouée par l’immense douleur qu’elle provoque, épuisée par les longues nuits blanches dans les couloirs de l’hôpital aux côtés des infirmiers et des médecins pour veiller, consoler, écouter, soigner, réparer.
Il a annoncé la mort de leur fils à cet homme et cette femme, ne s’est pas raclé la gorge, n’a pas baissé la voix, a prononcé les mots, le mot « décédé », et plus encore le mot « mort », ces mots qui figent un état du corps.
Quiconque passerait la tête clignerait des yeux dans la lumière froide puis se formerait une image de champ de bataille après l’offensive, une image de guerre et de violence – Thomas frissonne, et se met au travail. Thomas commence à chanter. Un chant ténu, à peine audible par celui ou celle qui se trouverait avec lui dans la pièce, mais un chant qui se synchronise aux actes qui composent la toilette mortuaire, un chant qui accompagne… Car ce corps que la vie a éclaté retrouve son unité sous la main qui le lave, dans le souffle de la voix qui chante ; ce corps qui a subi quelque chose hors du commun rallie maintenant la mort commune, la compagnie des hommes. Il devient un sujet de louanges, on l’embellit.
J’ai appris à mieux connaître le corps humain, ses organes, leur immense importance. Peu de livres savent me garder aussi longtemps. Celui-ci ne m’a plus quitté jusqu’au mot fin, impossible d’entamer une autre lecture à côté, même un essai. J’ai fait des escales, aux moments les plus difficiles, pour respirer, sentir mon cœur battre, appeler les miens, me rassurer de leur présence. J’ai fait des escales pour prolonger l’écho des mots, entendre ce qu’ils me racontaient par rapport à ma propre histoire, à celle aussi des hommes et des femmes qui m’entourent.
J’ai des questions, des questions sur le donneur, Harfang secoue la tête, l’air de penser qu’elle exagère, elle connaît la réponse. On en a déjà parlé. Mais Claire insiste, ses cheveux blonds forment des crochets contre ses joues, je voudrais pouvoir y penser. Elle ajoute, persuasive : par exemple, d’où vient-il ce cœur, qui n’est pas parisien ? Harfang la dévisage, fronce les sourcils, comment sait-elle déjà cela ? puis consent : Seine-Maritime. Claire ferme les yeux, accélère : male or female ? Harfang, du tac au tac, male ; il gagne la porte ouverte sur le couloir, elle l’entend qui s’absente, rouvre les paupières, attendez, son âge please. Mais Harfang a disparu.
Maylis de Kerangal est un grand auteur, un immense talent. Elle possède cette manière de dire l’essentiel avec réalisme mais profondeur.
Une lecture déjà ancienne – 29/09/2015 – je mets mes fiches à jour
Une chose est sûre, le titre est bien choisi. Un résumé : La narratrice, auteur jeunesse et professeur de philosophie, nous raconte le déroulement de ses jours dans la ville de Paris où elle vit. Elle est dans une période difficile de séparation — son ancien compagnon est envahissant et manipulateur — ils ont mis au point une garde pour leurs deux fils — qui n’est pas du tout efficace, elle ne reçoit pas de pension alimentaire — Elle fait la rencontre, qui ne l’enchante pas du tout au début puisqu’elle est en panne d’inspiration, du nouvel éditeur de la collection jeunesse avec laquelle elle travaille depuis quelques années. Je n’en dirais pas plus, la suite est affaire de lecture…
Mon avis : C’est un livre rythmé, qui se lit facilement, d’autant que la vie de la narratrice est un marathon du matin au soir sans pause ou « à peine » — une vie très parisienne dans le monde de la culture et des lettres, une vie de femme célibataire, monoparentale, avec 2 enfants. Qui se lit facilement ne veut pas dire passionnant ; ne veut pas dire non plus mauvais, (mi-figue mi-raisin). J’ai trouvé l’histoire un peu brouillonne, à l’image de la vie trépidante, rapide, vive, stressante de la protagoniste. Cependant il y a de bons moments et des passages qui vous emportent sans prévenir. Particulièrement à la fin, sur sa relation avec sa mère, pas franchement une alliée, on découvre peut-être à cet instant la raison de ses doutes, de ses questionnements incessants, de son manque de confiance en elle. Un passage qui parle (je le trouve très pertinent) de la relation mère-fille à notre époque, une relation – ou plutôt un manque de complicité – qui a certainement une grande part de responsabilité dans l’image donnée de la femme dans la société, dans ses choix.
Ah, les mères et leurs filles, si seulement elles pouvaient en faire autant pour elles que pour leurs « FILS » – car ne sont-elles pas un peu responsables (aussi) du manque de respect, de considération, d’importance donnée à cette progéniture du même sexe qu’elles ?
En tout cas la mère de la narratrice est insupportable et on est ravi lorsque… Mais chut ! Tout est bien qui finit bien, un roman à l’image de la vie des femmes célibataires d’aujourd’hui croulant sous les contraintes quotidiennes ; d’un milieu tout de même privilégié et vivant au cœur de la capitale française.