Il faut en semer un peu partout, des mots doux, des mots qui apaisent, des mots rassurants, des mots de soutien pour les enfants nés dans les endroits difficiles de notre monde. Ils pourront s’y accrocher, ne serait-ce qu’un instant, pour entrevoir une réalité différente, pour entendre le chant de la vie sous un ciel étoilé. Un Livre ! Illustré ou non, de poche ou relié, en format numérique ou papier, un livre de 20, 30, 40, 68, ou 520 pages, petit ou grand, à dévorer ou à savourer lentement, un livre qui vous appartient, que vous pouvez relire, partager, feuilleter, un compagnon de voyage, d’ici ou d’ailleurs… C’est aussi bien qu’un fast-food, un trajet en bateau-bus, un expresso en terrasse, un thé partagé avec des amis, une limonade fraîche, la visite d’une exposition ou une séance de cinéma…
L’heure dorée, nom donné par les photographes à cette courte période de temps juste avant que le soleil ne se couche ou juste après son lever ; ce moment où la lumière devient si chaude et douce qu’elle en est presque palpable, cet instant merveilleux où elle dore les visages et les paysages…
« Les heures dorées » un moment magique pour photographier.
Les livres d’artistes se situent en marge, à la périphérie de la grande production de livres à laquelle tout lecteur, tout regardeur est habitué.
Didier Mathieu
Livre d’artiste :le contenu, la typographie, le format, la couverture, le papier, tous ces éléments relèvent du projet unique de l’artiste. C’est une œuvre qui forme un tout unitaire, une œuvre originale qui ne pourrait pas exister autrement que sous la forme d’un livre.
Toute écriture reste ce savant mélange entre une pensée, un support et un outil, qui laisse une trace. Ce qui est important, en outre, c’est que l’art sous la forme d’un livre peut être tiré en centaines d’exemplaires et peut donc être vendu à des prix très abordables auprès d’un public plus étendu, voire inattendu.
La Lumière égarée, nouvelle illustrée de photographies est le premier ouvrage de Marie an Avel présenté en livre d’artiste. Ce livre singulier est une expression artistique qui utilise le livre comme support. Il est composé de 19 pages en vis à vis accompagnées de 21 photos de l’artiste. Sur du papier à grain 180gr avec une reliure cartonnée faite à la main.
C’est un objet d’artqui s’apparente à une sculpture dans la mesure où, comme un beau livre, on aime le feuilleter, le toucher, le caresser ; on se laisse guider par la magie sensuelle du papier et sa mise en page attrayante.
Le livre d’artiste est un média d’art : au même titre que l’estampe, c’est une pièce de collection. Il vise à modifier notre perception et notre lecture car au-delà du texte ou de l’image, l’objet livre exprime aussi un propos.
Ma passion pour l’écriture et mon désir d’illustrer des expéditions imaginaires ont rapproché mes deux sensibilités artistiques. La photographie et l’écriture se sont réunis pour créer cet ouvrage.
Sa composition tient à plusieurs rencontres : une île, une nouvelle rédigée pour un concours, des photos prises au hasard des sentiers — un été de liberté ensoleillé, etc. C’est dans la matière et la durée que ce livre s’est élaboré : papiers, découpages, photographies, impressions typographiques, reliure et cartonnage, un travail artisanal.
L’approche bibliophile :
L’approche artisanale, plastique : L’aspect plastique se révèle immédiatement mais sans prédominer sur la lecture, il s’agit d’un livre (non d’une feuille) qui place l’artisan, le plasticien, sur le terrain de la littérature.
Pour la rentrée et toutes ses promesses d’amélioration d’une vie meilleure pour tous, j’ai eu envie de partager cette réflexion du philosophe D.Guénoun que j’ai trouvé au hasard de mes pérégrinations sur le web ; ses mots m’ont touchée… Je ne dis pas que je suis en accord avec tous ses articles – que je n’ai pas lus d’ailleurs – mais celui-ci a une résonance toute particulière.
[…] Seule la solidarité planétaire sera apte à traiter la misère du monde. Nous devons renoncer à une part de nos avantages pour les partager. Et simultanément, nous devons remettre en cause le système de domination marchand, qui est la priorité du vendable et de l’achetable sur tous les autres modes d’échange humain – pour réévaluer le don, le troc, le sens et le service. Assurément il existe une caste de profiteurs – mais leur domination ne tient que parce qu’un grand nombre de vivants accepte d’en dépendre, et que la très fastueuse domination sait distribuer de micro-dividendes de son faste. Il faut que la population des humains se convie à une solidarité intégrale, sans exclusive, afin de repenser et de redistribuer la vie commune et ses biens. Il ne s’agit pas de sacrifice, mais de joie du partage. C’est du bonheur que l’on veut – et il ne se trouvera aucun bonheur dans des parcs cernés par des murs avec miradors.[…]
[…] aimer, aimer à nouveau, aimer sans réserve, sans borne, sans trêve. On ne sait pas encore le dire dans une apparence moins mièvre. Peu importe. Qui a jamais senti l’amour (chacun, tous) sait ou savent qu’aimer est une non-mièvrerie absolue, une force invincible. Il faut ressaisir la valeur d’aimer comme étendard, même commun, même politique. […]
Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, « son chef-d’œuvre », disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord… Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillé sur les autres enfants endormis.
Écrire ! Pouvoir écrire ! Cela signifie la longue rêverie devant la feuille blanche, le griffonnage inconscient, les jeux de la plume qui tourne en rond autour d’une tache d’encre, qui mordille le mot imparfait, le griffe, le hérisse de fléchettes, l’orne d’antennes, de pattes, jusqu’à ce qu’il perde sa figure lisible de mot, mué en insecte fantastique, envolé en papillon fée…