Une citation soulignée l’an passé qui m’inspire plus que je ne saurais l’exprimer avec cette canicule qui dure depuis début avril.
Être sous la pluie, comme cela doit être divin, la bruine, légère et parfumée, être à Fowey, maintenant, avoir froid, frissonner, se pelotonner dans un épais manteau, marcher dans l’herbe verte et mouillée, respirer l’air pur, caresser l’écorce rugueuse d’un arbre, les pétales veloutés constellés de rosée, contempler la mer qui se déchaîne contre les falaises. Se promener devant Menabilly, poser ses mains sur les murs gris du manoir, ressentir ce frisson de plaisir intense.
Daphné Du Maurier se met à rêver de vivre au bord de l’eau, comme si la devise de Trébeurden, Ar Mor Eo Ma Plijadur (la mer est mon plaisir), avait été écrite rien que pour elle.
— Extrait de la biographie écrite par Tatiana de Rosnay « Manderley for ever » que j’ai adoré lire.
Ça fait plaisir d’écrire de nouveaux articles, c’est comme si on continuait une conversation. J’espère que vous avez passé de bonnes vacances, le soleil d’été s’est beaucoup plu en notre compagnie cette année et c’est un compagnon chaleureux. Après les torrides températures de ces dernières semaines on regarde avec plaisir les premières couleurs de l’automne… L’air redevient respirable et la nature si sèche étanche un peu sa soif. D’ici j’entends la mer, la grande marée vient clapoter contre le muret de pierre ; le vent danse à nouveau dans le feuillage rafraîchi par quelques ondées, comme presque toutes les filles d’Arvor, ce climat maritime me convient plutôt bien.
La rentrée de septembre, les feuilles des arbres se teintent d’or et de pourpre, le sentier commence à ressembler à ce chemin que je foulais chaque soir en compagnie de mes amis au retour du collège, nous riions à gorge déployée en nous moquant gentiment de nos nouveaux professeurs avec une envie de traîner le plus longtemps possible ensemble, une halte magique…
Cette saison me donne toujours envie d’acheter des crayons de couleur et de nouveaux carnets.
Je ne vais plus au collège depuis longtemps mais il y a toujours des papiers et des crayons épars sur mon bureau et puis surtout il y a ce nouvel occupant qui trône au milieu, ce cher ordinateur sans qui je ne pourrais pas partager mes articles.
21 Septembre, je suis toujours sur l’écriture de mon premier roman…
J’ai encore un peu de travail avant de le terminer tout à fait, la troisième partie n’est pas encore achevée. Lorsque je m’essouffle, j’ouvre un des livres posé à côté de moi ; je suis tombée sur ce passage de Julien Gracq que j’avais noté dans le coin de la page. Il répond merveilleusement à certaines de mes interrogations. Comment le dire autrement… Belle saison à vous qui passez…
« Adorable fantôme qui m’a séduit, lève ton voile ! » supplie le faiseur de romans – mais la muette apparition lui met en mains un porte-plume.
Le roman ne vit que par le genre de liberté que lui donne le langage, utilisé selon ses vrais pouvoirs, mais il n’est tiré du néant que par la contrainte qu’impose de bout en bout au romancier une image exigeante, une obsession non entièrement littéraire dans sa nature.
Je pense – et j’ai écrit – que tout livre pousse (en bonne partie) sur d’autres livres. Le besoin chimérique, qui démange beaucoup de « créateurs » de ne se sentir redevables en rien à la littérature qui les a précédés, ne m’obsède en aucune façon. Le monde et la bibliothèque font partie à titre égal des éléments auxquels je me réfère, quand j’écris, et je ne ferai jamais preuve d’aucune fausse honte à ce sujet. Fictions et réflexions de lecture se sont d’ailleurs dès le début toujours enlacées plus ou moins étroitement dans la série de mes livres. Mais cela n’est possible qu’à condition de laisser de côté la « science de la littérature » et de ne lire qu’en fonction de ce qui, pour vous, dans les livres, vit réellement. Je ne m’occupe que de mes préférences. La littérature n’est pas ingrate envers qui entretient ce commerce chaleureux avec elle.
Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
L’homme a trouvé à y satisfaire son goût du risque et des prouesses physiques, sa vanité et sa jactance, et surtout sa férocité innée.
Tu ne feras pas souffrir les animaux, ou du moins tu ne les feras souffrir que le moins possible, ils ont leurs droits et leur dignité comme toi-même.
est une admonition bien modeste ; dans l’actuel état des esprits, elle est, hélas, quasi subversive. Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme que parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, puisqu’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures si nous n’avions pas pris l’habitude de fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en route vers l’abattoir, moins de gibier humain descendu d’un coup de feu si le goût et l’habitude de tuer n’étaient l’apanage des chasseurs. Et dans l’humble mesure du possible, changeons – c’est-à-dire améliorons s’il se peut – la vie.
Extrait du carnet de Ratiflette Physalis [fizalis] – Bot. Plante vivace appelée couramment amour en cage, au calice renflé très décoratif. → alkékenge, coqueret (même origine que physalie)
« Hum, très jolie plante, je vais en planter à l’entrée du jardin… Patience, patience, j’ai des semences à faire avant, mais bientôt… »
Bientôt ce sera presque 3 ans plus tard… Mais il y a eu tant de choses à faire, à gérer, tant d’imprévus, tant de moments heureux, deux mariages, des petits-enfants, tant d’inquiétudes en écoutant le bruit du monde… Ratiflette, Lucette, Lièvre, Rosalie et tous les autres ne m’ont jamais quittée, je ne les ai jamais laissés tomber.
Les voilà enfin, en beauté, avec une jolie gazette automnale, une rencontre imprévue, des peurs et de la tristesse aussi, mais comme ils disent dans la communauté de Kelfennin, la solidarité et le courage leur permettent bien souvent de triompher des adversités.
La physalis n’a plus la même place, Ratiflette s’est penché sur La Pitaya.
Pitaya [pitaja]– Bot. gros fruit à chair douce et tendre produit par différentes espèces de cactus épiphytes, nommé aussi fruit du dragon.
Ci-dessous vous trouverez la page du livre publié cet automne, je reste à votre disposition si l’histoire vous tente, lecture idéale en octobre, particulièrement aux vacances de la Toussaint.
Le point de vue de l’artiste photographe sur un paysage, une personne, un objet ; une perception qu’il donne en partage.
Série I
Au fil des saisons
Photographies prisent sur l’Île d’Arz, au fil des saisons…
Série II –
Vestiges insulaires – Arz
Prises de vues (crayonnées-postérisées) d’arbres disparus ou abîmés, emportés par la tempête, la maladie, la sécheresse… Je m’exprime à travers la photographie mais je suis très influencée par la peinture et le dessin que j’observe depuis de longues années. Je pense peinture, matière, ombre et lumière quand je photographie, mon appareil devient pinceau, crayon. Plus tard, quand je retrouve mes photos sur l’écran, je les compose comme je remplirais une toile.