Voici la mer. Chacun de ses mouvements est un poème…
Nous vivons au fond d’une cuvette : le jour s’écoule, le soir se pose ; elle s’emplit lentement de ténèbres, puis les étoiles s’allument au-dessus de nos têtes où elles scintillent éternellement, comme porteuses d’un message urgent, mais lequel et de qui ? Que veulent-elles de nous et peut-être surtout : que voulons-nous d’elles ?
Le noir et blanc, c’est un autre monde, un monde fascinant. Le noir et blanc, c’est le royaume de la photographie qui se glisse dans celui de l’écriture. C’est la couleur de l’encre sur le papier blanc.
Ils étaient quelques-uns qui vivaient dans la nuit En rêvant du ciel caressant Ils étaient quelques-uns qui aimaient la forêt Et qui croyaient au bois brûlant L’odeur des fleurs les ravissait même de loin La nudité de leurs désirs les recouvrait Ils joignaient dans leur cœur le souffle mesuré À ce rien d’ambition de la vie naturelle Qui grandit dans l’été comme un été plus fort Ils joignaient dans leur cœur l’espoir du temps qui vient Et qui salue même de loin un autre temps À des amours plus obstinées que le désert Un tout petit peu de sommeil Les rendait au soleil futur Ils duraient ils savaient que vivre perpétue Et leurs besoins obscurs engendraient la clarté
Ils n’étaient que quelques-uns Ils furent foule soudain Ceci est de tous les temps.
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais du règlement de ma pensée. Je n’aurai pas davantage en possédant des terres : par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends.
Le sel sur la peau et qui brûle les lèvres, l’écume des vagues, les cheveux collés par l’embrun. Tous ces étés de mon enfance. Bottes, cirés, sandales en plastique — les seaux, les pelles, les bouées, les coquillages et les châteaux de sable —
Et ces longues heures à nager entre le rivage et le large, entre les algues et les crabes. Enfant je parlais à la mer comme on parle à une amie qui comprend et devine tout, les vagues me répondaient, avec tendresse et puissance.
La mer me fascine et m’enchante. Je l’aime et je la crains. Quand je vois la terre craqueler sous le fier soleil, j’ai envie de glisser dans l’eau bleu et scintillante jusqu’au crépuscule.
Elle est retrouvée. Quoi ? — L’Éternité. C’est la mer allée Avec le soleil […]
Inspirés par l’eau, un dessin, un livre, une photo, une exposition, ces travaux écrivent l’invisible. Les montages puisent dans un grenier d’images et de mots que j’ai constitué au fil des années ; cartes postales, illustrations de journaux et de revues, découpages de magazines, reproductions de toutes sortes, instantanés de photos, livres de poésies, de voyages, extraits de romans inachevés.
L’image a un étrange pouvoir d’interrogation, de fascination, de sollicitation de l’imaginaire.