Avant la sortie du tome II de mon roman « Louison »
L’été, le soleil et les touristes sont arrivés. La plage s’est remplie de parasols et les petits bateaux voguent sur l’eau. Avant la sortie de mon tome II, je vous propose une virée entre les lignes…
N’écrivez pas pour une personne en particulier, ou pour Heretica, ou pour je ne sais quel courant artistique. Écrivez parce que vous devez une réponse aux dieux.
Son esprit intelligent se laissait attirer par les plus extrêmes bizarreries, parmi lesquelles la kabbale et la numérologie. Dans le secret de son bureau, elle essaya toutes les combinaisons possibles. Ajoutant ou supprimant les lettres, additionnant leur valeur, jusqu’à ce Isak. Isak = Chiffre 4. Le chemin de la Réalisation. Isak Dinesen.
Elle aurait juré entendre le bruit mat de dés jetés sur un tapis. Là-haut, un petit dieu retors réglait son cas. Les jeux étaient faits. Ceux-là mêmes qui l’avaient vue partir pour l’Afrique la verraient poser le pied dans la cour d’une maison qu’elle avait mis toute son énergie à fuir. Ramenée par le col à son point de départ. Tel était le sort des petites fugueuses trop fières. Petite fugueuse.
Karen se demanda s’il y avait un mot pour dire ce qui n’existait plus. Ex-amant ? Ex-âme sœur ? À l’avenir, ils se retrouveraient dans des lieux inconnus, et ils bavarderaient comme de vieux amis. Parfois, au détour d’une conversation, d’une phrase prononcée d’une même voix, ce qui les ferait rire, leur intimité ancienne surgirait, telle une petite flamme. Elle tremblerait entre eux quelques secondes et s’éteindrait doucement, les laissant confus, vaguement nostalgiques, puis ils redeviendraient des étrangers bienveillants l’un pour l’autre.
Et l’Afrique, sait elle un chant sur moi ? L’air vibre-t-il jamais d’une couleur que j’ai portée, y a-t-il un jeu d’enfant où mon nom ressurgit, la pleine lune jette-t-elle sur le gravier de l’allée une ombre qui ressemble à la mienne ? Les aigles du Ngong me cherchent-ils parfois du regard ?
« Hélas, trois fois hélas, qu’avons-nous fait et que faisons-nous à ce pays, et qu’est-ce donc que cette “civilisation” que nous y introduisons ? »
Elle imagina la ronde des léopards et des hyènes qui commencerait dans la fraîcheur de la nuit pour encercler les antilopes et les zèbres. Opulence, férocité. Ces derniers temps, la région connaissait plus barbares que les fauves : des touristes surarmés exigeaient leur quota de trophées avant même d’avoir pénétré dans la forêt. Ils en ressortaient en brandissant des peaux de bébés. Petits de léopards, petits de lions et de girafes, massacres pour descentes de lit ou épatants sacs à main. Ça la désolait. Ces types n’étaient même pas fichus d’affronter des ennemis dignes de ce nom. Les éléphants furent les premiers à comprendre. Ils avaient quitté le Ngong pour s’enfoncer en majesté dans des forêts plus impénétrables.
Il y a quelques jours, j’ai écouté une interview de Brigitte Giraud, l’autrice qui a écrit « Vivre vite » prix Goncourt 2022, elle parlait de son travail d’éditrice, à l’époque où elle était chez stock.
Ce qu’elle dit sur le rapport à la lecture me semble profondément juste. J’ai lu quelque chose d’assez similaire de J.M.G Le Clézio, qui était dans sa jeunesse lecteur dans une maison d’édition.
« C’est une expérience unique et magnifique, lire sur manuscrit, c’est à dire un texte qui n’est pas contextualisé, qui n’a pas le poids de la publication et notamment le nom de la maison d’édition chez qui il est publié. On le lit comme quelque chose d’absolument vierge, ça m’a appris à lire autrement et à faire une véritable expérience du rapport à quelque chose de l’ordre de la nudité ou de la crudité. »
Est-ce que les textes se sentiraient beaucoup mieux sans maison d’édition ?
« C’est une question qui est essentielle à mon avis. J’ai souvent pensé à cette chose là, de me dire comment les lecteurs, ou plutôt les professionnels que sont les libraires, mais que sont aussi les journalistes, aborderaient des textes sous une couverture blanche. C’est à dire qui n’est pas déjà désigné par un type de catalogue et donc de filiation proposée par une maison d’édition. Mais j’irai encore plus loin que cela. L’expérience la plus intense et la plus radicale de lecture, c’est celle aussi d’un texte qui ne serait pas marqué par le nom de son auteur, dont on ne saurait pas si c’est un premier roman ou si c’est le Xe roman d’un auteur qui est déjà très remarqué ou par la presse ou par les libraires ou par les lecteurs. Et c’est vrai que l’expérience de lecture est radicalement différente. »
Je remarque qu’au-dessus de l’article du Figaro, que je partage ci-dessous, il y a une bande audio pour les dyslexiques et les malvoyants. Un progrès nécessaire. Certains me disent encore préférer le livre papier au livre numérique, c’est comme ils veulent tant qu’ils ont de bons yeux. Il faut quand même savoir que grâce au epub 3 (format de livre numérique) les dyslexiques ont droit à une police de caractères qu’ils peuvent lire et les malvoyants à une lecture avec l’aide d’une voix synthétique ou une traduction en braille, donc la possibilité de lire la production littéraire comme tout le monde. Le progrès a ses dérives et ses avantages, pour eux c’est un réel avantage, une ouverture au monde, des découvertes, un véritable accès à la lecture.
« Il faut que les Français renouent avec la lecture »
« Tous les deux ans depuis dix ans, notre baromètre sur l’évolution des pratiques montre que l’on consacre de moins en moins de temps à la lecture. En 2022, l’étude « Les jeunes Français et la lecture » (Ipsos) a dévoilé que ceux qui ont entre 7 et 25 ans passent en moyenne 4 heures par jour devant un écran, alors qu’ils ne lisent pas beaucoup plus de 3 heures par semaine. De plus, 47% font souvent autre chose en même temps, comme envoyer des messages, aller sur les réseaux sociaux ou regarder des vidéos. Sans pour autant nier l’importance des écrans, nous voulons changer cette tendance. »
Quels sont les bienfaits de la lecture, selon vous ?
En ce qui concerne les effets produits par le « quart d’heure de lecture » en classe, les enseignants s’accordent à dire que cela permet aux élèves de se détendre, de développer l’envie de lire, le plaisir, et de stimuler la mémoire. Je pense que c’est le cas à tout âge. Personnellement, le livre a toujours occupé une place importante dans ma vie. Nous entretenons tous une relation personnelle à la lecture. Dans mon cas, il s’agit de la seule chose qui m’apaise et sur laquelle je puisse me reposer. C’est ma colonne vertébrale, en somme.
Régine Hatchondo, présidente du CNL, interviewée dans Le Figaro.
Le dimanche j’aime bien lire des histoires, pinpin il m’écoute toujours, il trouve que je raconte bien, et des fois c’est tellement drôle qu’on rigole comme des fous…
Mais pas trop, chut !… Faut pas déranger papet qui lit son passage préféré à mamie…
Il faut en semer un peu partout, des mots doux, des mots qui apaisent, des mots rassurants, des mots de soutien pour les enfants nés dans les endroits difficiles de notre monde. Ils pourront s’y accrocher, ne serait-ce qu’un instant, pour entrevoir une réalité différente, pour entendre le chant de la vie sous un ciel étoilé. Un Livre ! Illustré ou non, de poche ou relié, en format numérique ou papier, un livre de 20, 30, 40, 68, ou 520 pages, petit ou grand, à dévorer ou à savourer lentement, un livre qui vous appartient, que vous pouvez relire, partager, feuilleter, un compagnon de voyage, d’ici ou d’ailleurs… C’est aussi bien qu’un fast-food, un trajet en bateau-bus, un expresso en terrasse, un thé partagé avec des amis, une limonade fraîche, la visite d’une exposition ou une séance de cinéma…