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  • Suite française

    Suite française

    Irène Némirovsky

    J’ai écrit un premier article lorsque j’ai commencé la lecture de ce livre. Il parle de l’auteur et du moment de la création du livre. Vous pouvez le lire en suivant ce lien : Article sur Irène Némirovsky

    Le silence et l’abandon

    Suite française

    Irène Némirovsky ne se laissa pas tourner la tête par son entrée fracassante en littérature. Elle s’étonna même qu’on fit tant de cas de David Golder, qu’elle qualifiait sans fausse modestie de « petit roman ». Elle écrivit à une amie le 22 janvier 1930 : « Comment pouvez-vous supposer que je puisse oublier ainsi mes vieilles amies à cause d’un bouquin dont on parle pendant quinze jours et qui sera tout aussi vite oublié, comme tout s’oublie à Paris ? »

    J’ai terminé la lecture de Suite française d’Irène Némirovsky, ce qui me permet d’avoir une autre vision de la guerre, des français, des allemands, et surtout de l’humanité. Je peux dire que cette lecture m’a laissé un goût amer dans le cœur. Bien sûr,  les lectures qui tournent autour de ces sujets douloureux sont souvent bouleversantes, mais là c’était différent. Un tableau sombre du peuple français et de son manque d’esprit solidaire.

    Sauve qui peut,  moi d’abord, les autres s’il reste de la place, et si on peut en jeter quelques uns  au milieu de la tempête ce sera plus confortable…

    La manière dont  l’auteure parle du comportement des gens  fait bien souvent grincer les dents. Difficile d’avaler la lâcheté de certains, l’acceptation de l’humiliation, les dénonciations, la collaboration dès les premières années de la guerre. Chacun est abandonné à son sort et il faut se méfier des autres, les allemands sont parfois plus arrangeants que les collègues ou les voisins. On est en guerre contre les allemands mais aussi et d’une manière qui fait froid dans le dos contre tous les français qui veulent garder leur confort et leur sécurité. Certains  sont prêts à tout pour ne rien perdre de leurs privilèges, d’autres laissent leur plus vils instincts s’épanouir.  Camouflée au milieu d’une débâcle indescriptible, dans un chaos hétéroclite de piétons et de véhicules de toutes sortes gênant le déplacement des troupes, l’ombre de l’âme se déploie et s’agrandit.

    « Pour soulever un poids si lourd
    Sisyphe, il faudrait ton courage.
    Je ne manque pas de cœur à l’ouvrage
    Mais le but est long et le temps est court. »

    En juin, lorsque les troupes allemandes s’approchèrent de Paris, les populations d’Île-de-France s’enfuirent à leur tour. Des bagarres eurent lieu pour pouvoir prendre les trains (trains d’abord de voyageurs puis devant l’afflux, réquisition de trains de bestiaux). Des millions de personnes s’exilèrent.  Le gouvernement français  s’était enfui de Paris dès le 11 juin 1940 pour gagner Bordeaux.

    exode

    L’exode de 1940 en France est une fuite massive de la population française en mai-juin 1940 lorsque l’armée allemande envahit la majorité du territoire national pendant la bataille de France, après la percée de Sedan. Cet exode est un des mouvements de masse le plus important du XXe siècle en Europe.

    C’est ce livre que j’aurais dû lire l’année de première au lycée lorsqu’on étudie la guerre 39-45.

    La guerre est une vermine qui contamine toutes les rives, elle n’épargne personne. La force qui permet d’avancer et de tenir bon est bien sûr au cœur de nous-même, lorsqu’on fait ce qui doit être fait. C’est à dire sauver les hommes des tyrans, des despotes, des lâches, de la souffrance.  Il ne s’agit pas ici de gagner des batailles avec des armes lourdes, il s’agit de vaincre la plus dure d’entre elles, la plus éprouvante, la plus sournoise, celle contre soi-même, celle contre la peur, celle contre nos faiblesses…

    Irène Némirovsky est une grande auteure qui ne se plaint jamais, qui peint avec ses mots et une lucidité étonnante et courageuse ce qui se passe sous ses yeux, alors qu’elle court un grand danger. J’aurais aimé la connaître et parler avec elle de sa passion pour la littérature. Je vais certainement lire ses autres livres.
    « Il la revit dans sa mémoire. Elle n’était pas laide, non, elle n’était pas laide. Au fond, c’était touchant, cet amour… Il le devait au prestige de ses livres, de son esprit rayonnant à travers les pages imprimées. »
    Avant d’entamer un nouveau livre de la liste du prix des lectrices,  je pense que je vais faire une pause et lire une BD ou un livre plus joyeux, plus léger. Mes nuits commencent à être difficiles,  il me faut des pages poétiques et douces…

    Mémoire à transmettre pour ceux qui ont connu et connaissent encore aujourd’hui le drame de l’intolérance
    — Denise Epstein

  • L’exode de juin 1940

    L’exode de juin 1940

    vécu par Irène Némirovsky

    Roman : Suite française

    irene-nemirovsky

    Me voici partie dans le feu de l’histoire. L’exode de juin 1940. Je découvre cette auteure, et bien que le sujet ne m’enthousiasme pas énormément, par respect pour le vécu de cette femme  j’irais certainement jusqu’au bout du livre. Quand je dis que le sujet ne m’enthousiasme pas, c’est à propos de la guerre, de cette guerre 39-45 qui nous poursuit, dans les études et bien après. Je n’oublie pas l’émotion dans laquelle m’avait plongé « Le journal d’Anne Franck » pendant mes années de collège. Peut-être ai-je encore des choses à découvrir sur cette page de notre histoire qui soulève toujours des questions. Je suis française et même si je ne me sens pas coupable des erreurs de mes ancêtres, je m’interroge sur l’humanité, sur ses réactions dans les moments les plus difficiles de notre existence. En tout cas, je me réjouis de cette rencontre avec cette femme passionnée de littérature avec qui j’aurais pu partager cette passion commune. Je sais déjà aux premiers mots lus qu’elle va m’emporter dans sa suite …

    Notes manuscrites d’Irène Némirovsky relevées dans son cahier

    Mon Dieu ! Que me fait ce pays ?
    Puisqu’il me rejette, considérons-le froidement, regardons-le perdre son honneur et sa vie. Et les autres que me sont-ils ? Les Empires meurent. Rien n’a d’importance.  Si on le regarde du point de vue mystique ou du point de vue personnel, c’est tout un. Conservons une tête froide. Durcissons-nous le cœur. Attendons.

    Quelques  brèves questions ….

    Ce qui importe avant tout c’est l’œuvre, mais ici le contexte est important. Un aperçu rapide de sa naissance et du moment de l’écriture du livre.

    Qui est-elle ?  D’où vient-elle ?

    Irène Némirovsky est originaire de Kiev, née en 1903 dans une famille de financiers juifs russes. Son père, Léon Némirovsky, était un des plus riches banquiers de Russie. 1914, Les Némirovsky s’installent à Saint Pétersbourg. Malgré l’excellence de ses précepteurs, Irène sera une enfant malheureuse et solitaire, ses parents portant peu d’intérêt pour leur foyer. Elle adore néanmoins son père, toujours pris par ses affaires ou par le jeu au casino. Presque haïe par sa mère, ainsi que l’évoqueront plus tard ses livres tels que Le Bal, Le Vin de solitude ou Jézabel, Irène trouve quelque refuge dans l’écriture et la lecture. Dans sa jeunesse, elle viendra très souvent en France avec ses parents, quittant chaque été l’Ukraine pour Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye ou la Côte-d’Azur, lorsque ce n’était pas la Crimée.

    Elle apprend le français avant de connaître le russe. Mais lorsque la révolution éclate dans le pays en 1917, Léon Némirovsky préfère éloigner sa petite famille du pays en crise et s’installe en France en juillet 1919. Irène reprend alors brillamment ses études et décroche en 1926 sa licence de lettres à la Sorbonne.

    Pourquoi ce livre ?

    En 1938, Irène Némirovsky et Michel Epstein son mari,  se voient refuser la nationalité française, mais n’envisagent toutefois pas l’exil, persuadés que la France défendrait ses juifs. Ils préfèrent toutefois envoyer leurs deux filles dans le Morvan. Lâchée par ses amis et son éditeur, Irène porte l’étoile jaune. Elle rejoint, accompagnée par son mari, ses deux filles dans le petit village où elles étaient cachés. C’est là qu’Irène Némirovsky rédigera le récit de Suite française, persuadée qu’elle allait bientôt mourir.

    En 2004, Denise Némirovsky découvre au fond d’une malle le manuscrit inachevé de Suite française, qui raconte, entre autres, l’exode de juin 1940, faits de lâchetés et de petits élans de solidarité. Elle se décide à le publier, et le roman a la surprise de se voir consacré du prestigieux prix Renaudot. Surprise, car c’est la première fois dans son histoire que le prix est remis à un auteur disparu. Mais ce n’est que justice quand on sait que jamais Irène Némirovsky n’avait été distinguée de son vivant.

    Mon article sur cette lecture

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