Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
— Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !Charles Baudelaire — III-Elévation, « Les Fleurs du mal »
Auteur : Marie an Avel
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Envole-toi bien loin
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Compositions photographiques
Du 22 juillet au 3 Août
Vous pouvez visiter l’exposition des artistes de l’île d’Arz pendant cette période. Vous y verrez quelques compositions photographiques qui illustrent ma nouvelle « La Lumière égarée » et des extraits du carnet d’exposition de la protagoniste du roman que je prépare à la publication pour la fin de l’année.
En vous souhaitant une agréable visite si vous avez l’occasion de débarquer sur ce joli caillou du golfe du Morbihan.
Cette nouvelle est en vente dans notre boutique en ligne.Galerie de quelques photos









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Des maraîchers bannis de l’île par des résidents secondaires
Petite note suite à la lecture de cet article de Reporterre qui fait un bon résumé de la situation.
*Lien de l’article sous ma note

Je souligne la grande déception des insulaires dont je fais parti. Oui, il y a un petit marché sur l’île, avec un maraîcher bio, mais seulement l’été – à peine 2 mois.
L’île est gouvernée par ceux qui ont l’argent, pas par ceux qui y travaillent et y vivent. Et comme la vie est de plus en plus chère avec des salaires de plus en plus dérisoires ; que le passage du bateau a un coût (traverser avec son vélo, même pour aller travailler est payant) et des contraintes horaires pas toujours faciles à gérer ; de moins en moins de personnes pourront s’y installer ; je ne vous parle pas du prix des terrains et des maisons, trop indécent dans un monde où tant de personnes sont en difficulté de logement.L’île est à l’image d’une société qui a accepté que le capitalisme soit toujours vainqueur malgré la corruption qui règne dans ses rangs.
Ces maraîchers avaient l’intention de travailler en respectant le littoral et la nature de l’île ; ceux qui vivent sur l’île à l’année avaient besoin de légumes, miel, plantes médicinales – à un coût raisonnable – Revendiquer une vue dans une demeure ouverte 1 à 2 fois par an est un luxe qui doit passer après le choix de vie des locaux.
La terre est ouverte à tous et n’appartient à personne. Car s’il y a bien quelque chose de merveilleux ici, qui change perpétuellement de couleurs, réceptif et sans jugement face à nos humeurs et nos emportements, c’est ce joli caillou de terre au milieu de la petite mer ; il nous offre chaque jour une nouvelle lumière et nous accueille tous sans regard sur notre statut professionnel, le contenu de notre portefeuille, la couleur de notre peau…
Nous devrions prendre exemple sur la générosité de son accueil.L’article de Reporterre : https://reporterre.net/Des-maraichers-bannis-de-l-ile-d-Arz-par-des-residents-secondaires
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L’écrit imprimé
L’écrit et l’image deux modes d’expression qui me passionnent, que nous aimons tous. Pourquoi ? Un engouement spontané, naturel ?
Il y a peu je suis tombée sur cette réflexion d’Anne-marie Laulan qui développe le sujet avec une perspective historique ; sur le site « Persée ». Une étude passionnante.
Après une analyse très stricte des rapports de l’écrit et de l’image, après avoir examiné ce qu’elle appelle l’impérialisme de l’écrit, elle conclut en montrant qu’il y a aussi un impérialisme de l’audiovisuel.
L’IMPÉRIALISME DE L’ÉCRIT
[…] L’écrit est extrêmement codifié. Traités, parchemins, lettres de cachet, registres, livres et, plus récemment, journaux : le format en est réglementé, répertorié, et les règles d’écriture en sont extrêmement strictes. Il ne s’agit pas, bien sûr, de l’écriture que chacun de nous peut exercer à l’aide d’un stylo, d’un crayon ou même d’un roseau, il s’agit de l’écriture imprimée. Et cette codification vient, d’une part, des contraintes techniques et, d’autre part, du contrôle du pouvoir. N’oublions pas qu’aucun ouvrage ne pouvait paraître sans un « imprimatur ».[…] La typographie par le plomb a obligé à s’entendre sur une forme de lecture d’ouvrage et on peut dire qu’à partir des contraintes techniques sont nées des contraintes mentales. Pour parler un langage que les biologistes comprendront très vite, on peut dire que la fonction de l’écrit dans sa forme typographique lourde a modelé peu à peu, et peut-être même modifié, l’organe qui est la pensée derrière l’écrit.
Par conséquent, depuis l’apparition de l’imprimerie, l’écrit est caractérisé ainsi : un privilège réservé à quelques-uns, une pratique contrôlée, censurée et extrêmement codée, enfin une technique très spécialisée, lourde, coûteuse et étroitement réglementée.
Si l’on se réfère au mode de raisonnement, au mode de pensée, aux grands textes philosophiques des cinq derniers siècles, on voit qu’effectivement la démarche rationnelle du syllogisme à la chaîne de raisonnement est toujours une démarche progressive, analytique, allant dans une seule direction temporelle. L’espace du livre est un espace réglementé, délimité ; on lit un livre du commencement à la fin, de droite à gauche, du haut de la page au bas.Or, ces habitudes et ces contraintes de lecture ont fini par modeler et par régir aussi les contraintes de la pensée. Délimitation de l’espace et utilisation unidirectionnelle du temps, voilà donc comment se caractérise l’écrit. Et de là à imaginer qu’il y a un impérialisme de la pensée lié à cet impérialisme de l’écrit, il n’y a qu’un pas, qu’un assez grand nombre de penseurs ont franchi allègrement. […]
L’IMAGE DOMINÉE

Qu’en était-il de l’image pendant tout ce temps-là ? Elle a toujours été présente ; elle a été peinte, sculptée, dessinée, et cette pratique esthétique de l’image a coexisté plus ou moins pacifiquement mais continûment avec la pratique de l’écriture. On l’a déjà dit et on le redira souvent : l’image est finalement un matériau beaucoup plus résistant et beaucoup moins maniable que ne le sont les mots écrits.
L’image est moins facile à coder, elle résiste à l’analyse et, pendant de longs siècles, son rôle a été, dans notre société occidentale, essentiellement réduit à une fonction ancillaire. Un écrivain, Claude Beauvalet, a remarqué que le rôle assigné à l’image fut assez comparable au rôle assigné à la femme.
En quel sens ? On s’est servi de l’image pour orner, pour illustrer, pour embellir ; et toutes les fois que des choses importantes se produisaient, quand il s’agissait de signer un traité, de ratifier, d’enregistrer, de proclamer une décision, alors, bien entendu, on revenait à l’écrit. Donc l’image a été servante, et, d’ailleurs, le langage également. Valéry remarquait qu’on s’est très longtemps servi du langage comme d’un instrument et qu’on a négligé sa fonction poétique.
On sait à quel point peut s’exercer une domination par les codes du langage verbal, mais on commence tout juste à soupçonner qu’existe aussi un code de l’instrument audiovisuel. Bien sûr, on savait déjà que la prise de vues était toujours un peu subjective. Ce n’est pas de subjectivité qu’il s’agit, mais de code dominant : par exemple, le code de l’objectivité, le code de la neutralité, le code de l’impersonnalité (bien entendu, ce pourrait être le code de l’engagement).
Continuer cette réflexion : L’écrit et l’image : réalité de deux impérialismes par Anne-marie Laulan
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La littérature, pour quoi faire ?

La littérature déconcerte, dérange, déroute, dépayse plus que les discours philosophique, sociologique ou psychologique, parce qu’elle fait appel aux émotions et à l’empathie. Ainsi parcourt-elle des régions de l’expérience que les autres discours négligent, mais que la fiction reconnaît dans leur détail.
Si vous avez envie d’aller plus loin dans la lecture :
Extrait du discoursÉCRIRE – LIRE ;
DONNER – RECEVOIR ;
IMAGINER – VIVRE ;
suivre le fil, ce lien invisible, magique…

