Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

Un détour par ici pour partager ces chansons qui devraient faire vibrer le top 100 ( je ne connais pas l’expression appropriée pour les succès musicaux) tant elles sont d’actualité.

Suite à quelques réflexions entendues de ci-delà cet été mais je devrais dire depuis de nombreuses années puisque j’ai la bougeotte, suite à ces mouvements de migrants désespérés qui fuient la guerre et la misère et que l’on passe en boucle sur notre chaîne d’infos nationale juste après de longs reportages sur les yachts indécents qui sillonnent nos côtes et qui semblent fasciner une grande partie de la population… Je reste calme, j’ai la chance de vivre dans un endroit paisible de la terre, j’ai juste envie de fredonner ces airs avec vous pour faire passer la colère qui monte — elle est dit-on mauvaise conseillère —. Sommes-nous obligés d’expliquer que le lieu de naissance n’est dû à aucun mérite particulier mais juste le fruit du hasard de la vie ? Que dire aux imbéciles heureux sinon leur chanter ces magnifiques textes où tout est dit et tellement bien dit par deux grands poètes.

La ballade des gens qui sont nés quelque part

Tout autour de la terre

C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages,
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages,
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités,
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts,
La race des chauvins, des porteurs de cocardes,

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie,
Empalés une fois pour tout sur leur clocher,
Qui vous montrent leurs tours, leurs musés, leur mairie,
Vous font voir du pays natal jusqu’à loucher.
Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète,
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq, ils s’en flattent, mazette,

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

Le sable dans lequel, douillettes, leurs autruches,
Enfouissent la tête, on trouve pas plus fin,
Quant à l’air qu’ils emploient pour gonfler leurs baudruches,
Leurs bulles de savon, c’est du souffle divin
Et petit à petit, les voilà qui se montent,
Le cou jusqu’à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux, même en bois, rend jaloux tout le monde,

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

C’est pas un lieu commun, celui de leur naissance,
Ils plaignent de tout cœur les pauvres malchanceux,
Les petits maladroits qui n’eurent pas la présence,
La présence d’esprit de voir le jour chez eux.
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire,
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares,
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

Mon Dieu, qu’il ferait bon sur la terre des hommes,
Si l’on n’y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne :
La race des gens du terroir, des gens du cru.
Que la vie serait belle en toute circonstances
Si vous n’aviez tiré du néant ces jobards
Preuve, peut-être bien, de votre inexistence

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

Être né quelque part

On choisit pas ses parents,
On choisit pas sa famille
On choisit pas non plus
les trottoirs de Manille
De Paris ou d´Alger
Pour apprendre à marcher
Etre né quelque part
Etre né quelque part
Pour celui qui est né
C´est toujours un hasard

Chœur : Nom´inqwando yes qxag iqwahasa {2x}

Y a des oiseaux de basse cour
et des oiseaux de passage
Ils savent où sont leur nids,
quand ils rentrent de voyage
Ou qu´ils restent chez eux
Ils savent où sont leurs œufs
Etre né quelque part
Etre né quelque part
C´est partir quand on veut,
Revenir quand on part

Chœur : Nom´inqwando yes qxag iqwahasa {2x}

Est-ce que les gens naissent
Egaux en droits
A l´endroit
Où ils naissent

Chœur : Nom´inqwando yes qxag iqwahasa

Est-ce que les gens naissent
Égaux en droits
A l´endroit
Où ils naissent
Que les gens naissent
Pareils ou pas

On choisit pas ses parents,
on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus
les trottoirs de Manille
De Paris ou d’Alger
Pour apprendre à marcher
Je suis né quelque part
Je suis né quelque part
Laissez moi ce repère
Ou je perds la mémoire

Chœur : Nom´inqwando yes qxag iqwahasa

Est-ce que les gens naissent…

Par Marie an Avel

Autrice indépendante. J'écris et je publie des livres illustrés : jeunesse, adulte, livre audio.